Chiner avec… Stéphane Bern, ambassadeur chéri du patrimoine français
HOMME DE LETTRES ET DE TÉLÉVISION, ARDENT DÉFENSEUR DU PATRIMOINE FRANÇAIS, STÉPHANE BERN VOUE UNE VÉRITABLE PASSION À LA BROCANTE. DES NAPPES AUX BANCS DE COLLÉGIENS EN PASSANT PAR LES LIVRES ANCIENS, PRESQUE RIEN N’ÉCHAPPE À SA SAGACITÉ DE CHINEUR. Jean
QUELS SONT VOS PREMIERS SOUVENIRS DE BROCANTES?
Jeune homme, celle du 17e arrondissement, à Paris, boulevard de Courcelles. J’ai également découvert Drouot quand j’avais 25 ans, l’âge de mes premiers achats. J’allais aussi au Salon des papiers anciens, Porte de Champerret. J’y ai trouvé un édit royal du xviiie siècle que mes parents m’ont offert et que j’ai fait encadrer. Un cadeau d’anniversaire mémorable.
POUR VOUS, EST-CE QUE CHINER A UN RÔLE PATRIMONIAL ?
C’est une transmission, non pas par filiation mais par esthétisme ou conviction. Il y a un côté nostalgique lorsqu’on voit une famille se séparer de certains objets. C’est pourquoi je considère mes trouvailles en brocante comme des trésors.
QUELS OBJETS ALLEZ-VOUS GÉNÉRALEMENT CHERCHER?
Des serviettes, des nappes, des lins extraordinaires… Si j’en trouve à mes initiales, je les
Propos recueillis par prends tout de suite. Et puis également des pelles à tarte, des pinces à sucre… Tout ce qui fait des cadeaux de Noël merveilleux, et tellement plus intéressants que les derniers gadgets à la mode.
LE PLUS BEL OBJET QUE VOUS AYEZ DÉNICHÉ ?
Une armoire à oeufs que j’ai « customisée » aux armoiries du Collège royal. Je trouve merveilleux d’avoir cet objet dans ma cuisine. Je suis comme un gamin qui la remplit, tous les jours, en revenant du poulailler.
UNE VENTE QUE VOUS AVEZ LAISSÉ PASSER ET REGRETTEZ AUJOURD’HUI ?
Comme j’ai acheté le Collège royal et militaire de Thiron-Gardais, je cherche tout ce qui a trait à l’endroit. Récemment, j’ai raté un livre qui venait de là et que proposait une salle des ventes. Quelqu’un m’a demandé: « Est-ce que c’est toi qui l’as acheté ? J’ai failli t’en parler, mais je me suis dit que cela n’avait pas d’importance… » Ça m’a beaucoup frustré.
(Jours deFrance,Madame Figaro…),
« Mes trouvailles en brocante sont des trésors. »
CE COLLÈGE ROYAL, ACHETÉ EN 2013, EST-CE UN RÊVE ABSOLU DE CHINEUR?
Tout à fait. J’y ai reconstitué une salle de classe avec une carte de géographie datant de 1785, un cintre en chapeau de gendarme, des bancs… Des choses qui ne coûtent rien prennent soudain une valeur extraordinaire lorsqu’il est question de reconstituer l’histoire de ces gamins au collège.
LE SURACTIF QUE VOUS ÊTES TROUVE-T-IL LE TEMPS DE CHINER ?
Oui, le week-end, près de chez moi, dans le Perche. Du côté de Nogent-le-Rotrou, il y a de grands hangars où je vais découvrir les nouveautés. Je me rends également à Brou.
REVENDEZ-VOUS CERTAINES DE VOS PIÈCES ?
Jamais. À part une fois, des taies d’oreiller de l’impératrice Sissi achetées en Autriche. Mais cela a été un véritable cauchemar… Je pourrais écrire un roman. Je les ai données au pressing pour les préparer: on m’en a rendu trois sur quatre, en égarant un noeud de l’époque… Tout cela pour les céder moins cher que je les avais obtenues!
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