Échappée de charme en Touraine

LE PAYS DES ROIS DE FRANCE ET DES CHÂTEAUX FASTUEUX CACHE BIEN DES RICHESSES À DÉCOUVRIR. DEMEURES MÉCONNUES, HISTOIRES EXTRAORDINAIRES… ENTRE TERRE ET EAU, LA SURPRISE EST AU BOUT DE TOUS LES CHEMINS !

D’Amboise à Langeais, de Chinon à Troussay, au-delà des sentiers battus, nature et culture se confondent au coeur d’une Touraine méconnue. L’engouement des rois de France pour cette région n’a rien de surprenant : outre la proximité avec la capitale, la richesse et la beauté des sites sauvages ne laissent pas indifférent... Étape sur le chemin de Saint-Jacquesde-Compostelle et patrie de saint Martin, Tours garde d’un passé marqué par le catholicisme des édifices remarquables comme la cathédrale ou l’ancienne basilique. S’y promener, c’est ouvrir un livre d’histoire et croiser dans ses pages des vestiges romains, des maisons médiévales aux corbeaux sculptés, des demeures Renaissance à pans de bois, des bâtisses de tuffeau du xviiie. Qu’il fait bon y vivre aujourd’hui ! Attablée aux terrasses des nombreux cafés, une movida jeune et enjouée fait vibrer la très ancienne place Plumereau. À quelques méandres de Loire de là, changement d’atmosphère à Villandry, dernier des grands châteaux Renaissance et propriété depuis quatre générations de la famille du docteur Carvallo. Toute sa vie, ce médecin d’origine espagnole a cherché à redonner leur lustre d’origine aux façades, qui surplombent de fabuleux jardins à la française. Plus à l’ouest, direction le château de Langeais, reconstruit au xve siècle par Louis XI. À la belle saison, les spectacles de fauconnerie, autrefois distractions favorites des souverains, y attirent les curieux.

LA MAGIE DE L’EAU

Si la Loire, envoûtante réserve naturelle peuplée d’oiseaux, est le fil conducteur de cette escapade, dans la région, cours d’eau et plans aquatiques sont légion. Au château de l’Islette, repaire secret des amours de Camille Claudel et Auguste Rodin, l’Indre s’offre aux visiteurs pour de romantiques promenades en barque. Cet affluent de la Loire file vers Azay-le-Rideau, à quelques kilomètres seulement. Incontournable symbole

« Ne me demandez plus pourquoi j’aime la Touraine. […] Je l’aime comme un artiste aime l’art ; […] sans la Touraine, peut-être ne vivrais-je plus. » Honoré de Balzac

d’élégance et de raffinement hexagonaux, il a été bâti sur l’une des îles de la rivière sous le règne de François Ier. À un quart d’heure de là, à Bréhémont, Romain Gadais, propriétaire du restaurant La Cabane à Matelot, perpétue la tradition des pêcheurs ligériens à bord de son antique toue de bois (barque à fond plat) et convoque à sa table brêmes, silures et autres prises du jour. En suivant le cours du fleuve, dont les eaux capricieuses aux couleurs changeantes laissent les grands peupliers se prendre pour Narcisse, on parvient ensuite à Candes-Saint-Martin, classé parmi les plus beaux villages de France. Ici, au confluent de la Loire et de la Vienne, les toues cabanées typiques partent naviguer depuis le petit port fluvial.

ÉCHAPPÉE BELLE LITTÉRAIRE

Les paysages forestiers finissent par laisser place aux vignobles de Chinon, chers à Grandgousier, père de Gargantua – François

Rabelais, leur créateur, était un enfant du pays ! Nichée au pied de son château-forteresse où Charles VII rencontre Jeanne d’Arc pour la première fois, cette cité de charme et de caractère mérite une halte. De retour vers Tours, emprunter la route du charmant village de Saché, c’est là encore croiser un grand nom de la littérature. Le Tourangeau Honoré de Balzac trouvait au sein de son château – où l’on peut désormais visiter un musée qui lui est entièrement consacré – l’inspiration et le repos de l’esprit. Au départ du logis de l’auteur de La Comédie humaine, un itinéraire mènera les amateurs sur les traces du Lys dans la vallée.

Enfin, avant de voguer vers d’autres contrées, pour clore cet itinéraire ligérien, place au plus petit des châteaux de la Loire : Troussay, à Cheverny. Un bijou surprenant, à l’image de ce Val de Loire, classé au Patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco depuis l’an 2000.

Riche patrimoine, paysages sereins, lumières pures… c’est cela, la douceur de vivre en Touraine !

Escapade romantique dans le parc du château de l’Islette. Pique-nique à deux en bordure du bief du moulin, promenade en barque… le charme d’une journée de châtelains on ne peut plus bucolique!

Véritable dentelle de pierre, la cathédrale Saint-Gatien de Tours, édifiée entre le xiiie et le xvie siècle, est l’un des monuments les plus emblématiques de la ville. Ce bel édifice gothique flamboyant a été classé Monument historique en 1862.

À Tours l’aristocrate, les belles maisons construites entre les xve et xvie siècles en brique ou en tuffeau (un calcaire tendre blanc), striées de colombages, surmontées de toits recouverts d’ardoises, font la richesse du centre-ville très prisé.

Sous l’impulsion de leur nouveau propriétaire, les jardins du château de Villandry ont retrouvé leur splendeur originelle au cours du xxe siècle.

Bonheur enfantin, c’est ce qu’évoque cette ravissante chambre de fillette du château de Villandry, décorée par le maître des lieux, Henri Carvallo, dans un esprit très xviiie siècle, des coloris au mobilier choisis.

Au château de Langeais, reconstruit par Louis XI, on observe deux façades de styles différents : l’une, fortifiée de tours massives, est typiquement médiévale, alors que l’autre, avec ses fenêtres sculptées et ajourées, annonce la Renaissance.

D’inspiration gothique, le pont suspendu de Langeais a été édifié en 1846, puis modernisé dans les années 1980.

À Saché, au lieu-dit La Basse Chevrière, on découvre la belle histoire d’amitié entre Alexander Calder et le peintre Ray Sutter. Près de l’atelier de Calder, transformé en résidence d’artistes, la famille Sutter ouvre ses portes aux visiteurs passionnés.

Au logis de Saché, transformé en musée, la magie balzacienne agit, portée par de nombreux éléments marqués de son empreinte – sa chambre, quelques meubles d’origine – et un esprit de l’époque admirablement restitué.

Dans son roman Le Lys dans la vallée, Honoré de Balzac situe le château de Clochegourde, où vit Blanche-Henriette de Mortsauf, à l’emplacement du château de la Chevrière.

Les frères Caballero cultivent un savoir-faire unique dans leurs ateliers de Langeais, perpétuant une longue tradition régionale de terre cuite. Leurs carreaux vernissés se déclinent dans une palette de couleurs exceptionnelle.

Dressé sur son îlot au milieu de l’Indre, l’incontournable Azay-le-Rideau, symbole de la Renaissance où se mêlent élégance et richesse des styles – tout à la fois français et italien – est l’un des joyaux de la région.

À Candes-Saint-Martin, la Loire et la Vienne se rejoignent, au sein de paysages d’une poésie à couper le souffle. Les bancs de sable blond sont des haltes privilégiées pour les baigneurs.

À la Boutique Bleue, dans le coeur de Chinon, on déniche des corbeilles en faïence de Langeais du xixe siècle, des toiles anciennes, des verres en cristal, du petit mobilier…

Petite ville, grand renom! Rabelais, Jeanne d’Arc, Charles VII… Chinon est une cité imprégnée d’Histoire dont les rues abritent des trésors d’architecture, du Moyen Âge au xviiie siècle.

Édouard VIII, roi d’Angleterre, qui abdiqua pour l’amour de l’Américaine Wallis Simpson, l’épousa ici même, au Domaine de Candé, le 3 juin 1937 ! « Le mariage du siècle », dit-on.

Célèbre pour ses vins, la région de Chinon offre quelques pépites bio à découvrir, comme au domaine familial de la Noblais, qui propose un parcours balisé pour mieux comprendre le travail du vigneron.

Troussay, le plus petit des châteaux de la Loire, a été bâti suivant les codes de ses grands frères plus imposants. Isaure Marcotte de Sainte-Marie y accueille les visiteurs et propose chambres d’hôtes et cottages de charme.

La maison du compositeur Henri Dutilleux, à CandesSaint-Martin, est devenue une résidence d’artistes dédiée à la composition et au piano... jusqu’aux roses du jardin, qui portent des noms musicaux!