Une demeure centenaire en pleine nature insulaire

ÉDIFIÉE SUR LES COLLINES DE MOSCARI, AU PIED DE LA SERRA DE TRAMUNTANA, LA MAISON DE MERCEDES, TRANQUILLE ET PROTÉGÉE, REFLÈTE LE GOÛT DES CHOSES SIMPLES ET VRAIES, AU COEUR DE LA CAMPAGNE INSULAIRE.

Majorque est souvent associée à une image de plages bondées, d’hôtels bétonnés, de fêtes débridées. Et pourtant… À l’intérieur de l’île, l’ambiance est tout autre. On découvre un environnement sauvage, des villages préservés entourés d’amandiers, d’oliviers et de vignes. Une terre authentique qui a littéralement envoûté Mercedes Lopez Coello. Née à Asunción, au Paraguay, cette professionnelle de la promotion et de l’événementiel a beaucoup voyagé. Après avoir vécu à Anchorage puis en Suède pendant douze ans, elle rêvait de s’installer en Toscane. Jusqu’à ce que Mads, son mari, lui fasse découvrir Majorque, aux Baléares. Ce fut la révélation. Quatre mois plus tard, le couple débarquait sur l’île pour ne plus en repartir, d’abord à la campagne, puis à Palma après la naissance de leurs deux garçons, scolarité oblige. Mais pour fuir le stress et le bruit de la grande ville, la famille s’est mise en quête d’une maison en pleine nature pour des week-ends détente et des étés sans touristes.

LE TEMPS SUSPENDU

À Moscari, un simple regard leur a suffi pour savoir que cette finca centenaire au milieu des champs était pour eux. La maison avait été bien entretenue, tout au plus fallait-il agrandir la cuisine et supprimer une salle de bains. Mais une chose en entraînant une autre, la rénovation a été plus importante. L’idée de Mercedes : le neuf et l’ancien devaient se mélanger parfaitement. « Je voulais que l’on sente que tout avait été fait à la main, dit-elle. Comme si tout avait toujours existé. » Ici, rien n’est droit, les arêtes sont émoussées, les arrondis irréguliers. Le décor, volontairement austère, se compose de matières naturelles – bois, pierre, osier, lin. Le mobilier a été rapporté de Suède ou de voyages. À l’extérieur, les réparations sont invisibles : les pierres abîmées ont été remplacées à l’identique, et les volets rafraîchis dans le même ton. Quant au jardin, il est resté pratiquement intact et s’épanouit quasi librement. L’environnement idéal pour déplier son hamac.

Un cadre immaculé, simplement réchauffé par des touches de matières naturelles, pour appeler l’été.

Majorquine dans l’âme, cette finca se rehausse d’une palette subtile, inspirée par les paysages.

Dans la propriété de Mercedes, le respect de la nature et l’authenticité sont une même priorité. Loin d’un luxe hollywoodien, la piscine a des allures d’oasis, point d’eau bienvenu au milieu des amandiers.

Les propriétaires ont voulu préserver l’âme et le caractère de la maison, qu’égaie un magnifique bougainvillier violet, en restant respectueux de son histoire.

Les pierres de la région encadrent la vieille porte en bois. Le jardin a gardé son côté sauvage, mélange à peine discipliné de feuillus et de plantes endémiques.

La cuisine a été agrandie et réalisée en reproduisant sur les éléments neufs les mêmes irrégularités que sur les nombreux détails anciens soigneusement conservés. L’ensemble est simple et équilibré, dans une ambiance lumineuse et artisanale.

Rien que l’essentiel. La propriétaire a imaginé un décor dans son plus simple appareil, d’un blanc rafraîchissant. Meubles en bois, objets en céramique et en terre cuite, lustre en osier forment un écrin pour l’escalier sculptural et sans fioritures.

Dans le salon épuré, le mobilier rappelle les couleurs de l’île. Les créateurs d’Espanyolet ont imaginé des tissus inspirés de la végétation locale : gris cendré des aloès, jaune des verges d’or, vert des oliviers.

Le talent des artisans locaux s’illustre autant à l’extérieur qu’à l’intérieur dans cette rénovation intelligente et respectueuse. Le mobilier acquis au fil des années, parfois rapporté de Suède, et les nouveaux tissus aux couleurs locales s’associent à merveille.

Adepte de la simplicité, Mercedes a opté pour une chambre presque monacale à l’ambiance monochrome et au décor minimaliste : deux chaises en bois en guise de chevets et quelques céramiques dans des niches murales creusées artisanalement.

Dans la salle de bains, où la créativité s’exprime même dans le dénuement, la douche nouvellement installée ne détonne pas notamment grâce à sa robinetterie et sa pomme à l’ancienne.

Ce coin de salle de bains se distingue par sa sobriété mais aussi par la noblesse des matériaux naturels chers à la propriétaire – le bois, la pierre et le laiton des robinets d’antan.