Un commerce mondialisé sous tensions
Au moment où de nombreux débats sur les politiques agricoles portent sur les éventuelles opportunités offertes par le local et la proximité, il apparaît essentiel de rappeler que les systèmes alimentaires, qu’ils soient nationaux, régionaux ou mondiaux, reposent majoritairement sur l’existence de circuits longs efficients, capables de rapprocher l’offre de la demande. Cette réalité, ancienne car les produits agricoles se sont toujours mêlés à l’histoire du commerce international, s’affiche notamment dans le cas des grandes commodités stratégiques qui non seulement assurent la sécurité alimentaire des populations, mais contribuent aussi à répondre à leurs désirs de consommation. Tour du monde des principales commodités de notre quotidien.
Géopolitiquement, la mondialisation des systèmes alimentaires n’est pas sans apporter un certain nombre de facteurs apaisants. Des faits évidents méritent d’être rappelés : les insécurités agricoles s’amplifient dans les zones du monde qui cumulent croissance démographique, variabilités climatiques, raréfaction des ressources naturelles, déficiences logistiques et instabilités sociopolitiques. Dans ces espaces en souffrance, quand bien même il peut parfois exister des solutions pour produire plus et redonner de la vitalité à des ruralités où le mal-développement prédomine, le rôle du commerce est fondamental. Qu’il s’agisse de flux régionaux ou internationaux, ces dynamiques d’échanges de produits agricoles s’affichent comme des déterminants premiers d’une plus grande sécurité alimentaire des populations. Dans ces espaces tectoniques, il n’y a pas de débat sur les circuits longs. Au contraire, ceuxci sont décisifs pour renforcer la résilience locale face aux chocs d’une météorologie difficile, d’une économie volatile ou d’une paix fragile.
TENDANCES ALIMENTAIRES ET COMMERCIALES MONDIALES
Plusieurs études de prospective ont montré qu’un habitant de la planète sur six, au début du XXIe siècle, dépendait du commerce international pour sa sécurité alimentaire. Ce ratio pourrait atteindre 50 % à l’horizon 2050, car les écarts s’accentuent entre les pays où les productions agricoles peuvent se poursuivre ou s’accroître et celles où les limites sont atteintes et les besoins d’importations explosent avec la démographie, l’urbanisation et des modes de vie en transformation. De nombreux pays dans le monde doivent chaque année acheter des quantités de nourriture sur les marchés internationaux, par nécessité. Ces importations complètent les productions nationales pour ainsi parvenir à répondre à la demande globale de la société en question. Entre 1990 et 2005, le commerce mondial de produits agricoles a doublé tant en volume qu’en valeur.