VISION(S) DU MONDE : HISTOIRE CRITIQUE DES REPRÉSENTATIONS DE L’HUMANITÉ
Christian Grataloup, Armand Colin, Malakoff, 2018, 240 p.
Afrique, Occident, Pacifique, Asie, Nord/ Sud, Orient, Europe…, autant de grands ensembles qui permettent de parler du monde en le découpant. Pourtant, aucun n’est naturel, aucun n’est neutre. S’ils peuvent isoler, stigmatiser, servir à fonder une identité, ce sont avant tout des représentations, historiquement datées, et aujourd’hui en plein mouvement. L’Orient est un rêve colonial évanoui, et l’Occident ne semble pas avoir plus de sens. Les continents sont une fiction qui n’a rien de réel, les aires de civilisations sont plus que suspectes… Certaines parties du monde s’effacent de notre vocabulaire, comme l’Océanie. D’autres prennent une signification nouvelle, comme l’Asie. D’autres encore se veulent identitaires, tout en échouant à se définir, comme l’Europe. Personne ne justifie plus le couple Nord/Sud, mais il hante encore le discours économique. Toutes ces visions géographiques sont issues du regard que les Européens ont porté sur les autres pour mieux se définir eux-mêmes. Collaborateur de Carto, Christian Grataloup reconstruit leur genèse, les superpose, les articule, analyse et critique leurs dynamiques pour proposer une nouvelle lecture de l’espace de l’humanité. Une lecture importante en ces temps de supposée crise d’identité et de montée des populismes ; pour l’auteur, la genèse d’une société mondiale peut prendre deux voies : soit la montée en puissance des États, soit l’avènement d’une cité-monde à l’image du monde hellénique.