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Éolien : vents favorables en Europe et en France

- E. Galland

À l’heure où les modèles de consommati­on et d’alimentati­on en énergies sont remis en question en prenant en compte des effets du changement climatique, l’éolien a le vent en poupe : en 2018, il représenta­it déjà 14 % de la consommati­on d’électricit­é de l’Union européenne (UE). Mais des questions environnem­entales restent en suspens. Parmi les pays européens, la France possède un important potentiel éolien.

Le premier parc éolien européen onshore voit le jour en 1982 dans l’archipel grec des Cyclades, sur l’île de Kythnos. Il compte cinq turbines d’une capacité de 20 kilowatts (KW) chacune. La même année, l’Associatio­n européenne de l’énergie éolienne (EWEA ou WindEurope) est fondée à Stockholm. Il s’agit alors d’un simple groupe d’intérêts particulie­rs décorrélé de tout système de gouvernanc­e institutio­nnelle.

PARCS ONSHORES ET OFFSHORES

Dès 1982, les membres de WindEurope participen­t au « California wind rush » provoqué par les premiers contrats sur trente ans de rachat d’électricit­é issue de l’énergie éolienne élaborés par la Commission d’utilité publique de Californie. En 1983, les fabricants européens y importent 350 turbines pour une capacité totale de 20 mégawatts (MW). En 1986, les parcs éoliens californie­ns onshores atteignent une capacité de 1 200 MW. La fin du crédit d’impôt de l’État fédéral américain pour l’investisse­ment dans l’éolien freine brutalemen­t cette croissance. En Europe, l’éolien est à présent une technologi­e mature. Les premières turbines sont progressiv­ement remplacées par des modèles aux performanc­es supérieure­s (en 2018, le renouvelle­ment des installati­ons représente une capacité de 461 MW). L’éolien a connu en Europe le développem­ent le plus important parmi l’ensemble des énergies bas carbone : anecdotiqu­e dans les années 1990, sa part dans l’alimentati­on en électricit­é des pays de l’UE est de 14% en 2018 (soit 362,4 térawatthe­ures sur la consommati­on totale d’électricit­é de l’Union, de 2645 TWh), dépassant ainsi l’énergie hydrauliqu­e. La production totale d’électricit­é en UE a été de 3371 TWh, dont 379,3 TWh assurés par l’éolien.

L’UE est également au premier rang mondial du développem­ent de l’éolien offshore sur fondation, dont la rentabilit­é est meilleure que l’onshore (les installati­ons en 2018 ont une capacité totale de 18,3 gigawatts). Contournan­t la nécessité d’un plancher océanique de faible profondeur pour la mise en place d’éoliennes offshores sur fondation, la France, la Norvège, le Portugal et le Royaume-Uni ont fait le pari technique de l’offshore flottant. L’UE dispose d’une longueur d’avance grâce à l’apport de la technicité de son industrie pétro-gazière offshore.

L’ÉOLIEN FRANÇAIS EN EUROPE

Il existe une grande disparité territoria­le de l’éolien européen : 68% des installati­ons sont concentrée­s en Allemagne, en Espagne, au Royaume-Uni, en France et en Italie. Si, avec 29% des installati­ons, l’Allemagne est le pays de l’UE qui compte la plus importante capacité de production d’énergie éolienne, la France possède un grand potentiel. Elle est le premier gisement européen pour l’onshore et le deuxième pour l’onshore et l’offshore confondus après les Britanniqu­es. En France, le nucléaire représente en 2018 l’essentiel de la production d’électricit­é avec 393,2 TWh sur une production totale de 548,6 TWh, suivi par l’hydrauliqu­e avec 68,3 TWh. L’éolien est en quatrième position avec 27,8 TWh produits. Si la production d’électricit­é issue des énergies fossiles arrive en troisième position avec 39,4 TWh, elle connaît une baisse importante (-26,8% par rapport à l’année 2017), tandis que les autres sources d’énergie ont toutes un solde positif. En 2018, avec 25,6 %, l’éolien est la deuxième source d’énergie renouvelab­le produite en France derrière l’hydrauliqu­e (58,1 %).

Il existe pour l’éolien comme pour le solaire un hiatus entre les zones potentiell­es de production d’électricit­é et celles de sa consommati­on. Ainsi, le quart sud-est de la France présente un gisement considérab­le (principale­ment le couloir rhodanien et la façade maritime), mais dont l’exploitati­on est entravée par la préservati­on nécessaire des paysages et de la biodiversi­té, la fréquentat­ion touristiqu­e, la population rétive, etc., et le peu d’avancées continenta­les sur le littoral méditerran­éen, ce qui exclut la mise en oeuvre d’éoliennes offshores sur fondation. Demeure la perspectiv­e de l’offshore flottant. Un prototype d’éolienne d’une capacité de 2 MW a été installé en Loire-Atlantique, au large du Croisic, et l’installati­on de quatre parcs pilotes est également prévue à l’horizon 2021 en Atlantique, tandis que d’autres projets essaiment dans l’UE. La maîtrise des chaînes de valeur des technologi­es bas carbone est centrale pour la souveraine­té énergétiqu­e de l’UE, et cette technologi­e prometteus­e réclame la création d’une Alliance européenne de l’éolien offshore flottant afin de structurer son réseau technologi­que et financier.

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