UN PONT ENTRE L’ÉGYPTE ET L’ARABIE SAOUDITE ?
la moitié. La France, par son histoire coloniale, se retrouve donc en tête de classement, mais la puissance maritime s’évalue aussi à l’aune de l’équipement en bâtiments militaires susceptibles de faire respecter cette souveraineté. Dans le même temps, on assiste à un accroissement du nombre d’États dans le monde pour atteindre 193 reconnus par l’ONU en 2020 ; le Timor oriental fut le premier du XXIe siècle, reconnu en 2002. Avant les années 1950, les États membres de la communauté internationale étaient de grands ensembles insulaires, comme l’Indonésie, le Japon ou de grandes îles dominées par les Européens, comme Madagascar ou Chypre. Après la Seconde Guerre mondiale, à la suite de l’Islande en 1946, un nouveau type d’État indépendant fait son apparition sur la scène internationale : entre 1965 et 1985, une vingtaine d’États insulaires sont entrés à l’ONU. De plus, à partir du moment où ces États ont eu accès à une ZEE de 200 milles nautiques, leur assise, ou leur consistance territoriale, est devenue plus forte, et leur potentielle richesse moins suspectée. Il y a, dans la catégorie des petits États insulaires, des très riches (Singapour, Brunei) et des très pauvres (Madagascar, Comores). Les deux processus concomitants de multiplication des États et d’expansion de la souveraineté vers le large, qui s’affirme depuis les années 1980, induisent une réduction de la haute mer et des rapports de voisinage complexifiés. Ce contexte est déterminant, avec des allers et retours permanents entre l’extrême tangibilité des lieux, îles, îlots et rochers, et la force des enjeux stratégiques relevant de la géopolitique mondiale. La définition
même
Situées entre la province saoudienne de Tabouk et le Sinaï égyptien, deux régions peu peuplées, les îles de Tiran et de Sanafir servent de porte au golfe d’Aqaba, ouvrant sur les côtes israélienne et jordanienne, non loin des routes commerciales vers Suez. Le lieu est un excellent observatoire. En 1950, Riyad en confie la sécurité au Caire. Mais lorsque le royaume souhaite les récupérer, le régime d’Abdel Fattah al-Sissi, en partie financé par l’Arabie saoudite, ne peut dire non : en juin 2017, Tiran et Sanafir redeviennent saoudiennes, mais restent interdites à toute visite.
natures géologiques, mais doit être le fruit d’une élévation spontanée du plateau continental. Le second caractère, « découverte à marée haute », doit être fondé sur des données scientifiques. La réalisation des deux conditions physiques (naturalité et émersion) suffisait donc pour accorder aux îles ainsi caractérisées une mer territoriale, mais, quand il s’agit de l’accès à 200 milles nautiques de droits économiques, les grandes îles, les archipels et les éléments insulaires mineurs, dépeuplés, dépourvus de vie économique et d’habitat permanent se valentils ? L’avis rendu par la Cour permanente d’arbitrage de La Haye en juillet 2016 sur le différend opposant la Chine et les Philippines, notamment au sujet du statut des Spratly, est éclairant sur l’appréhension juridique des îles du point de vue de la CNUDM (cf. carte 2 p. 15).
Cet archipel, situé en mer de Chine méridionale, est constitué de petites îles et de récifs coralliens qui font l’objet de conflits d’appropriation entre les deux États. Il a d’abord été réaffirmé que l’île doit revêtir un caractère naturel, ce qui exclut en principe toutes les constructions artificielles et met directement en cause l’agrandissement spectaculaire de six îlots artificiels, « rochers » chinois dans les Spratly devenant par là même peut-être des constructions insulaires dotées de bases militaires, mais pas des « îles ». En outre, au-delà de sa nature, un « rocher » est un élément maritime ne disposant pas d’une capacité objective à accueillir une activité économique ou des habitations humaines ; il ne peut donc aspirer à une ZEE et à un plateau continental. Cet arbitrage pourrait remettre en cause bien des prétentions « merritoriales »,