Abou Dhabi : une ville capitale, entre mer et désert
Les images satellites sont devenues incontournables dans de nombreuses pratiques tant professionnelles que personnelles. Leur utilisation dans un cadre pédagogique est désormais courante. Ainsi, Carto s’est associée avec le Centre national d’études spatiales (CNES) et le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, qui ont développé le site GéoImage (https:// geoimage.cnes.fr), pour montrer les enjeux du monde vus d’en haut. Cette image d’Abou Dhabi, capitale des Émirats arabes unis, a été prise le 1er avril 2013 par un satellite Pleiades. Il s’agit d’une image en couleur naturelle, de résolution native à 0,70 mètre.
Située dans le nord-est de la péninsule Arabique, Abou Dhabi est la capitale des Émirats arabes unis, étant à la fois un émirat et une ville. Elle occupe 85 % de la superficie du pays (83 600 kilomètres carrés), en détient 95 % des réserves de pétrole et connaît un développement marqué depuis vingt ans. Elle ambitionne d’être une référence culturelle.
Àl’instar de Manhattan à New York, Abou Dhabi est une île, dont l’urbanisation est d’abord liée à la présence d’eau. À partir de cette île – en forme de triangle, plus longue que large – s’est bâtie une métropole de 1,5 million d’habitants qui a poursuivi son expansion sur le continent et les îles avoisinantes jusqu’alors inhabitées.
DE LA PERLE AU PÉTROLE
Abou Dhabi se situe sur une importante façade maritime, celle du golfe Persique. Elle communique à l’océan Indien par le détroit d’Ormuz, qui voit transiter chaque jour 40% du trafic pétrolier mondial. L’île semi-déserte d’Abou Dhabi s’est urbanisée du nord au sud à partir de ce qui forme son coeur historique, le fort Al-Hosn, résidence de l’émir. On distingue l’organisation en damier de la partie nord de l’île promue par des urbanistes japonais. Elle marque la première phase d’urbanisation dans les années 1960, alors que le développement du pays s’accélère grâce aux exportations de pétrole et que la sédentarisation des Bédouins est encouragée. L’urbanisation se poursuit le long d’un axe central nord-sud qui permet de relier ce premier Central Business District à l’aéroport Al-Bateen, encore utilisé pour l’aviation d’affaires. Un aéroport international a été construit en 1982 sur le continent, contribuant à l’expansion urbaine au-delà du seul pont reliant alors Abou Dhabi au reste de la fédération. En 1985, l’île est urbanisée à 95%, de manière dense dans la partie nord et plus diffuse ailleurs, selon un modèle d’urbanisation à l’américaine, basé sur l’étalement urbain et l’usage de la voiture pour les déplacements. Un premier remblai permet d’élargir la Corniche, où sont construits des gratte-ciel, les sièges des compagnies pétrolières et ceux des fonds souverains. On trouve enfin des hôtels haut de gamme à l’extrémité ouest. Dans la perspective de transformer la ville en un hub régional et mondial, le plan d’aménagement inclu dans la « Vision Abou Dhabi 2030 » est lancé en 2007. Il vise à éviter les écueils rencontrés à Dubaï, trop étendue et congestionnée. La priorité est donnée à l’aménagement et au remblaiement des îles inhabitées situées autour de l’île principale, et au développement, sur le continent, de constructions le long de l’autoroute conduisant à Dubaï et à l’aéroport international. La volonté affichée est de favoriser le durable. On assiste alors à l’aménagement d’îles spécialisées par grandes fonctions. Consacrée aux loisirs, Yas a été inaugurée en 2009. Plus proche du centre, Rim est résidentielle, en plus d’héberger des bureaux, des écoles internationales et la Sorbonne, tandis que Maryah se veut le nouveau centre d’affaires. Enfin, Saadiyat a vocation à être le quartier culturel et touristique grâce à ses musées internationaux, dont le Louvre, et à ses plages de sable blanc. Quant à Hudayriat, au sud, elle est en friche. Sur la partie continentale dominent les quartiers résidentiels de Khalifa City (A et B), d’Al-Raha, de Mohamed Bin Zayed City, en plus du quartier durable de Masdar, où siège l’Agence internationale pour les énergies renouvelables. Plus au sud se situe la zone industrielle de Mussafah. Afin de connecter ces quartiers avec l’île principale, deux ponts ont été construits au cours des années 2000 ; en revanche, les projets de métro et de tramway initialement prévus pour 2014 n’ont pas encore été réalisés, les services de transports publics se cantonnant à un réseau de bus.
UNE SÉGRÉGATION SOCIOSPATIALE
En raison de la politique de sédentarisation des nomades menée à partir du milieu des années 1960, Abou Dhabi concentre l’habitat résidentiel des nationaux émiratis, notamment dans sa frange sud, alors que la population étrangère représente 80% des habitants de la ville. Zayed ben Sultan alNahyan (1918-2004), le fondateur de la fédération, a en effet choisi d’octroyer à chaque habitant de l’île d’Abou Dhabi trois parcelles de terre : l’une pour son habitation, l’autre pour ses bureaux, la troisième pour y développer une activité industrielle, voire pour la construction de logements locatifs. Son ambition était que chaque AbouDhabien puisse subvenir à ses besoins, le gouvernement se chargeant du reste (éducation, santé) par la redistribution de la manne pétrolière. La ségrégation sociospatiale est donc de mise. L’île concentre d’abord les locaux et les expatriés occidentaux et libanais, vivant dans des villas luxueuses, des compounds bâtis sur le modèle des gated communities américaines ou des appartements haut de gamme. Tandis que la majorité des forces vives – indiennes, philippines, arabes – vivent dans les nouveaux quartiers situés sur le continent, voire dans les vieux logements des années 1970 du centre-ville. F.