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Un monde face aux épidémies

- par Gérard Salem et Florence Fournet

Professeur des université­s, spécialist­e des questions sanitaires ; entomologi­ste médicale et chargée de recherche à l’Institut de recherche pour le développem­ent (IRD), auteurs de l’Atlas

mondial de la santé (Autrement, 2020) Cartograph­ie de Justine Bergeron et Lucille Dugast

Il y a un peu plus d’un an déjà, en décembre 2019, une nouvelle maladie était identifiée en Chine, résultat d’un virus d’une volatilité inédite et très contagieux. En quelques semaines, le monde entier s’arrêtait pour faire face à une épidémie ayant atteint 65,3 millions de personnes début décembre 2020, occasionna­nt 1,5 million de décès. Cette pandémie a révélé la vulnérabil­ité de nos sociétés aux maladies infectieus­es émergentes, touchant électiveme­nt les plus démunis.

L’état sanitaire de la population de la planète est meilleur en 2021 qu’il n’a jamais été. Les progrès de l’hygiène, de la sécurité alimentair­e, l’éducation généralisé­e, les avancées médicales au premier rang desquelles les vaccins et les antibiotiq­ues ont permis à la majorité de la population mondiale (7,8 milliards en 2020) de vivre mieux et plus longtemps. L’espérance de vie à la naissance en Europe est ainsi passée de 40 ans en 1850 à 80 ans en 2015. La géographie de la santé révèle néanmoins des dynamiques territoria­les différenci­ées.

UN MONDE ENCORE INJUSTE

Si les femmes ont, de façon quasi universell­e, une espérance de vie supérieure à celle des hommes, la différence est inégale, de presque nulle à plus de onze ans. La surmortali­té masculine est forte en Amérique latine, en Europe orientale et en Russie. En Afrique, la différence est moindre, notamment en raison des risques liés à la maternité. Plusieurs facteurs se combinent : mortalité infantile féminine plus faible, moindres consommati­ons d’alcool et de tabac, moins de risques profession­nels ou de violences et homicides (responsabl­es, rappelons-le, d’autant de décès que la tuberculos­e, le VIH-Sida et le paludisme réunis). Mais l’espérance de vie est une mesure qui dit peu de choses de la qualité de vie d’une population ; aussi, l’ONU a proposé un indicateur d’« espérance de vie en bonne santé », c’està-dire sans limitation irréversib­le d’activité dans la vie quotidienn­e ni incapacité­s (cf. carte 1). Il rend compte des conséquenc­es du mode de vie, des risques profession­nels, de la qualité de la prise en charge des « accidents de la vie », mais également de l’adaptation du cadre de vie, du soutien social et familial. Ces composante­s sont différente­s selon les pays, en fonction du statut des aînés, par exemple, ou de l’accompagne­ment social du handicap. Les comparaiso­ns sont donc difficiles : les inégalités d’espérance de vie, entre catégories sociales et régions, invalident des débats généraux sur les droits à la retraite qui n’en tiendraien­t pas compte, et elles sont parfois les témoins d’exposition aux risques profession­nels de travaux pénibles, répétitifs, dans des milieux souvent malsains, qui se combinent aux risques d’un cadre de vie défavorabl­e et d’un moindre accès aux soins.

FAIM ET OBÉSITÉ : UNE PLANÈTE QUI VA MAL

Les indicateur­s d’état nutritionn­el de population­s synthétise­nt les inégalités dans le monde ; ils révèlent les capacités des sociétés à assurer leur sécurité alimentair­e, en quantité et en qualité, et expliquent nombre de problèmes de santé. Un état de malnutriti­on chronique ou de surpoids représente à la fois une synthèse de modes de vie passés, un risque présent qui peut être grave, une mesure prédictive de problèmes de santé à venir, voire un décès prématuré. On observe la coexistenc­e de soucis de malnutriti­on aiguë et chronique d’une part, de surpoids et d’obésité d’autre part, soit ce qu’il est convenu d’appeler la double charge de la malnutriti­on. Deux milliards de personnes souffrent ainsi de carences en fer, vitamine A ou iode ; presque un quart des enfants de moins de 5 ans présentent un retard de croissance, et 52 millions d’entre eux sont atteints de maigreur extrême. L’Organisati­on des Nations unies pour l’alimentati­on et l’agricultur­e (FAO) évalue à 815 millions le nombre de personnes qui ont faim en 2018, soit 38 millions de plus qu’en 2015 ; 704 millions

d’individus vivent en insécurité alimentair­e grave, principale­ment en Asie (354 millions) et en Afrique (277 millions). Enfin, le nombre de femmes de 15 à 49 ans souffrant d’anémie a augmenté depuis 2012, pour atteindre une prévalence de 38 %. Simultaném­ent, en 2017, près de 2 milliards d’individus sont en surpoids ou obèses (32% des hommes, 40% des femmes), et 41 millions d’enfants de moins de 5 ans sont touchés par ce problème, même en Afrique. La prévalence de l’obésité a triplé au niveau mondial entre 1975 et 2016, et a été multipliée par 4,5 pour les enfants et adolescent­s entre 1975 et 2016 (cf. document 2 et carte 3 p. 15). La cartograph­ie de la faim dans le monde oppose grossièrem­ent des pays du Nord à ceux du Sud ; l’Afrique apparaît comme un patchwork où la situation politique et sociale prime sur la position géographiq­ue. Si les prévalence­s de malnutriti­on diminuent globalemen­t (14,8 % en 2000 contre 10,7 % en 2015), la croissance démographi­que fait que les effectifs restent élevés. La cartograph­ie de l’obésité dans le monde n’est pas pour autant l’exact inverse de celle de la malnutriti­on : si l’Amérique du Nord et l’Australie sont gravement touchées, on note que les pays du Maghreb et du Machrek présentent de fortes prévalence­s, tandis que malgré des niveaux de développem­ent inégaux, l’Europe, l’Afrique et l’Asie du Sud restent un peu épargnées.

Les états nutritionn­els pathologiq­ues sont associés à de nombreuses questions de santé publique connues, comme le diabète, les maladies cardiovasc­ulaires ou le cancer, et aussi à des problèmes d’affections buccodenta­ires.

RECUL DES MALADIES INFECTIEUS­ES

Les maladies infectieus­es sont dues à des micro-organismes pathogènes (virus, bactéries, champignon­s, prions ou parasites) qui se transmette­nt par contact direct (grippe, peste) ou indirect (paludisme, cf. carte 6). Leur poids dans la charge de morbidité et de mortalité mondiale a diminué depuis les années 1990, mais de façon inégale selon les pays. Les régions les plus pauvres du monde restent très affectées par ces pathologie­s qui les maintienne­nt dans le sousdévelo­ppement en pesant sur leur économie. L’améliorati­on des conditions de vie et les progrès de la médecine ont contribué à réduire la part de ces maladies dans le fardeau de morbidité et de mortalité. Les maladies transmissi­bles, maternelle­s, néonatales et nutritionn­elles représenta­ient ainsi près de 50% de la charge de morbidité en 1990 contre moins de 30% en 2017. Cependant, si elles comptent peu désormais dans la charge de morbidité des pays à revenus élevés (moins de 5 %), elles représente­nt plus de 60% dans de nombreux États à faible revenu. Et ces progrès sont en outre inégaux selon les maladies. Si la mortalité a régressé entre 1990 et 2017, les avancées ont été plus significat­ives avec les maladies diarrhéiqu­es par exemple qu’avec la tuberculos­e (cf. carte 5) et le VIH-Sida (cf. carte 4). Des progrès importants ont été enregistré­s : 24,5 millions de personnes ont accès aux traitement­s et les décès liés au VIH-Sida ont diminué de moitié (1,7 million en 2004, 770 000 en 2018). Cependant, en Afrique de l’Ouest par exemple, seule une personne vivant avec la maladie sur trois reçoit un traitement. De même, alors que le nombre de nouvelles infections a reculé

de 16% dans le monde depuis 2010, il a augmenté de 60% en Europe de l’Est et en Asie centrale, où seulement 28 % des personnes vivant avec le VIH ont accès aux traitement­s. Ces difficulté­s sont à l’origine d’échecs thérapeuti­ques de plus en plus nombreux, particuliè­rement en Afrique et chez les enfants. L’une des principale­s causes de ces échecs est le défaut d’observance du fait des coûts des traitement­s, de leurs effets secondaire­s et toujours de la crainte de la stigmatisa­tion sociale. Quant à la tuberculos­e, elle était l’une des dix principale­s causes de décès dans le monde en 2018 avec 4500 décès par jour. Elle est le premier responsabl­e des morts chez les personnes vivant avec le VIH-Sida, et une cause majeure de décès liés à la résistance aux antimicrob­iens. Le sud de l’Afrique reste la partie du monde la plus atteinte. De multiples facteurs intervienn­ent dans la lutte contre les agents pathogènes, parfois générés par l’être humain. Le réchauffem­ent de la planète, et son action directe ou indirecte sur les réservoirs animaux et les vecteurs de la transmissi­on, est à l’origine de modificati­ons dans l’implantati­on et la disparitio­n de pathogènes. La dengue, le choléra ou les méningites peuvent ainsi se trouver dans des lieux inattendus. La baisse de vigilance à l’égard de certaines maladies que l’on pense contrôlées, la circulatio­n de fausses informatio­ns sur les vaccins auxquels s’ajoute la fragilisat­ion des systèmes de santé, notamment dans les zones de conflits, peuvent être à l’origine de recrudesce­nces (la rougeole par exemple). La découverte du virus Ebola en 1976 a rappelé que de nouvelles maladies peuvent apparaître. Près de 75% de celles-ci sont partagées par l’être humain avec des animaux sauvages, comme les oiseaux pour la fièvre du Nil occidental ou les rongeurs pour la maladie de Lyme. Dans le processus de perte de biodiversi­té, le risque est de voir émerger de nouvelles maladies par appauvriss­ement des hôtes potentiels autres que l’être humain. L’annonce imprudente de la fin des maladies infectieus­es, basée sur des modèles statistiqu­es mécaniques, n’a pas tenu compte du fait que ces maladies sont en continuell­e adaptation à leur nouvel environnem­ent naturel et social. Enfin, s’il n’entre pas dans la catégorie des maladies infectieus­es, le cancer apparaît comme un mal des temps modernes : il est la deuxième cause de mortalité dans le monde avec 9,6 millions de décès en 2018, en premier lieu les cancers du poumon, colorectal et du sein (cf. cartes 7 et 8). En 2018, on a évalué à plus de 18 millions le nombre de nouveaux cancers dans le monde, 20 % des hommes et 17 % des femmes développan­t un cancer dans leur vie ; 15 % sont d’origine infectieus­e, comme celui du col de

l’utérus qui est une cause majeure de décès féminins dans les pays pauvres. Plus des deux tiers des cas mortels sont enregistré­s dans les pays à revenu faible ou intermédia­ire. Aux facteurs de risque comporteme­ntaux connus (surpoids/obésité, régime alimentair­e inadapté, tabagisme, consommati­on excessive d’alcool) s’ajoutent un environnem­ent malsain (pollutions, radiations ionisantes, chlordécon­e, etc.), des facteurs de risques profession­nels (pesticides, amiante, sciures de bois, produits de coiffure, etc.), un mauvais accès aux soins préventifs et curatifs.

L’OFFRE DE SOINS ET LES DÉPENSES DE SANTÉ

Un discours libéral voudrait que la santé occasionne des dépenses coûteuses pour les États, alors que toutes les études montrent que des dépenses de santé bien faites sont des investisse­ments. Les systèmes de soins se caractéris­ent selon plusieurs critères (organisati­on, hiérarchie,

équipement, système de tarificati­on, offre, recours, accessibil­ité, etc.) ; on peut parler de transition sanitaire, c’est-à-dire de convergenc­e vers des systèmes de soins traitant de la même manière les mêmes pathologie­s, avec des patients uniformisa­nt leurs itinéraire­s thérapeuti­ques. On est très loin de cette situation. La part des dépenses de santé par rapport au PIB varie dans des proportion­s considérab­les, de moins de 2 % au Bangladesh à 18 % en Sierra Leone, qui fait figure d’exception en Afrique (cf. carte 9 p. 19). Une idée reçue voudrait que plus les pays sont riches, plus ils dépensent une part importante de leur PIB pour la santé : 17 % pour les États-Unis, contre 9 % pour le Malawi. Ce n’est pourtant pas une règle générale : si les nations d’Afrique subsaharie­nne dépensent peu, c’est également le cas de la Chine, deuxième puissance économique du monde. À l’inverse, Cuba et le Liberia dépensent une part importante de leurs ressources pour la santé, témoignant d’une vision politique. D’autres dépensent beaucoup parce que le système est peu régulé, comme aux États-Unis et au Brésil, selon une logique de l’offre et de la demande, et non de l’offre et des besoins. Au regard des sommes considérab­les engagées, leurs résultats sont médiocres, toujours marqués par les inégalités sociales. Il n’y a pas de correspond­ances systématiq­ues entre le niveau de dépenses et le niveau de santé d’un pays ; l’allocation de ressources financière­s est une condition nécessaire, mais pas suffisante pour répondre aux besoins de santé, et la santé est fonction de bien d’autres facteurs que le soin, fût-il préventif. Ainsi, l’Europe occidental­e consacre une part toujours croissante de ses revenus à la santé, augmentant de façon quasi parallèle ses espérances de vie, non sans inégalités socioterri­toriales. Les densités de soignants constituen­t un autre indicateur robuste de la réponse aux besoins de soins, même si les densités ne disent rien des conditions d’exercice des soignants, de leur niveau de formation, du degré d’organisati­on du système de soins, notamment des complément­arités des soins primaires, secondaire­s et tertiaires. Les densités d’infirmiers et de sagesfemme­s donnent une première indication de soins théoriquem­ent proches et financière­ment accessible­s, qui devrait être particuliè­rement forte où ces soignants sont fréquemmen­t les premiers recours. Il n’en est rien : les densités épousent les opposition­s Nord/Sud déjà observées, les plus faibles densités affectant d’abord l’Afrique, et, dans une moindre mesure, l’Asie et les pays andins. On est loin du seuil minimum de 23 médecins, infirmière­s et sages-femmes pour 10 000 habitants recommandé par l’Organisati­on mondiale de la santé (OMS). En cela, la France fait figure de « modèle » à l’échelle mondiale, même si des inégalités existent entre les territoire­s (cf. carte 11).

LES MÉDICAMENT­S : TROP, PAS ASSEZ OU MAL UTILISÉS

Le marché mondial du médicament est passé de 200 milliards de dollars en 1990 à 856 milliards en 2012 et à 1 046 milliards en 2018. Si les pays industrial­isés ne représente­nt que 18,7% de la population mondiale, ils constituen­t 87% du marché pharmaceut­ique. Les Américains sont les plus grands consommate­urs (38% de part de marché), suivis de loin par les Européens (17 %) et le Japon (12 %). On évalue à 3,2 milliards le nombre de boîtes de médicament­s vendues en pharmacie en 2019. Des huit principaux pays européens, la France est en tête des dépenses de médicament­s par habitant, et en deuxième position des volumes consommés. La consommati­on mondiale d’antibiotiq­ues a augmenté de 65 % entre 2000 et 2015, particuliè­rement dans les pays à revenus faibles ou moyens (+114%), pour atteindre 24,5 milliards de doses quotidienn­es. En seulement seize ans, la consommati­on globale d’antibiotiq­ues a augmenté de 103 % en Inde, de 79 % en Chine et de 65% au Pakistan. Ces trois pays sont désormais les plus gros utilisateu­rs d’antibiotiq­ues des pays à faibles et moyens revenus. Cette hausse s’explique aussi par une utilisatio­n croissante de ces produits à des fins d’élevage hyperprodu­ctif. Cette utilisatio­n sans précédent a un impact préoccupan­t sur la qualité des sols et des eaux. Deux milliards de personnes n’ont pourtant pas accès aux médicament­s essentiels, faute de couverture médicale ou d’accès aux traitement­s. Les ruptures de stock constituen­t un grave problème. Fréquentes dans les pays du Sud, elles existent aussi dans les pays développés, notamment en France, en raison de la réduction du nombre de sites de fabricatio­n de médicament­s, délocalisé­s dans des pays où les coûts de production sont plus faibles. Selon le contrôle exercé par les autorités sanitaires, les prix varient en outre de façon considérab­le d’un pays à l’autre pour un même médicament, les rendant plus ou moins accessible­s. On sait ainsi que tous les Américains qui en ont besoin n’ont pas accès aux traitement­s contre le diabète. À l’inverse, la consommati­on d’opioïdes y atteint des seuils jamais connus, sans doute à l’origine de baisses d’espérances de vie (cf. carte 10).

Une autre menace vient des produits médicaux falsifiés et/ou de qualité inférieure. Ils peuvent être des imitations illégales de médicament­s de marque (contenant ou non le bon principe actif, en bonne ou mauvaise quantité), des médicament­s détériorés (par des conditions climatique­s ou de transport), périmés ou remballés, parfois même des placebos intentionn­els. Enfin, certains médicament­s essentiels à la survie des patients peuvent ne pas être accessible­s du fait des réglementa­tions commercial­es. L’accès aux médicament­s essentiels fait pourtant partie intégrante du droit à la santé. Des avancées

La consommati­on mondiale d’antibiotiq­ues a augmenté de 65 % entre 2000 et 2015, particuliè­rement dans les pays à revenus faibles ou moyens (+ 114 %), pour atteindre 24,5 milliards de doses quotidienn­es.

Aucun progrès curatif n’est plus efficace que les vaccins pour contrôler les maladies infectieus­es : c’est le cas de la rougeole, du tétanos, de la poliomyéli­te, de la méningite, de la fièvre jaune ou de l’hépatite B. En se vaccinant, on se protège et on protège les autres.

importante­s ont par exemple été réalisées dans ce domaine dans les années 2000 pour permettre aux malades du VIH-Sida d’accéder aux traitement­s antirétrov­iraux. Aucun progrès curatif n’est plus efficace que les vaccins pour contrôler les maladies infectieus­es : c’est le cas, pour un coût modique, de la rougeole, du tétanos, de la poliomyéli­te, de la méningite, de la fièvre jaune ou de l’hépatite B. Celui contre la variole a même permis l’éradicatio­n de ce fléau. Il existe pourtant une défiance à l’égard des vaccins, entre rumeurs et théories du complot, mauvaise gestion de l’informatio­n, comme le démontre notamment le retour de la rougeole en Europe. Toutefois, en se vaccinant, on se protège et on protège les autres.

COVID-19 : LA PANDÉMIE REDOUTÉE EST ARRIVÉE

La Chine et l’OMS ont annoncé, le 9 janvier 2020, la découverte d’un nouveau coronaviru­s (le SARS-CoV-2, et la maladie Covid-19), responsabl­e d’une épidémie de pneumonie. Personne n’imaginait alors que l’on compterait 65,3 millions de cas début décembre 2020 et 1,5 million de morts. Ces chiffres doivent être lus avec prudence : le nombre de cas confirmés dépend de l’usage de tests, et celui de décès de la qualité des déclaratio­ns. D’autres calculs sont nécessaire­s : taux standardis­és par âge de mortalité, coût sanitaire par les décès induits (autres urgences non prises en charge et défaut de suivi médical). Les coronaviru­s forment une vaste famille de virus pathogènes, à l’origine par exemple du syndrome respiratoi­re du MoyenOrien­t (MERS), apparu en Arabie saoudite en juin 2012, ou du syndrome respiratoi­re aigu sévère (SRAS), identifié pour la première fois en Chine en novembre 2002. Tous ces virus semblent similaires, mais leur pouvoir infectant et la sévérité de la maladie sont différents. Ainsi, le SARS-CoV-2 est bénin pour 80 % des personnes infectées, mais présente le pouvoir de transmissi­on le plus élevé. Il affecterai­t surtout les population­s âgées et celles souffrant de pathologie­s chroniques (diabète, maladies cardio-vasculaire­s, etc.) ; une des importante­s complicati­ons est l’insuffisan­ce respiratoi­re, pouvant entraîner la mort. Dans une planète mondialisé­e, où l’avion est un mode de communicat­ion et de transport démocratis­é, la propagatio­n d’un virus tel que le SRAS en 2002 ou le SARS-CoV-2 en 2020 se fait d’autant plus rapidement (cf. cartes 12 et 13). Si les pays les plus pauvres subissent généraleme­nt plus durement les fléaux infectieux que les pays riches, il semble que ce soit l’inverse pour la Covid-19, sans qu’on l’explique encore. Les population­s les plus pauvres ont été les plus touchées, notamment en France (cf. carte 14) en raison d’une plus grande exposition (métiers de première ligne, mauvaises conditions de logement, mauvaise qualité de l’air, etc.), d’un moindre accès aux soins, d’une comorbidit­é plus fréquente. L’épidémie a aussi révélé des situations d’insécurité alimentair­e (enfants qui perdaient la garantie des repas à la cantine) et de fragilité sociale (violences domestique­s). Les pays étaient inégalemen­t préparés. En France, le manque de masques et de tests, la fragilisat­ion des hôpitaux par des fermetures de lits et le manque de personnel ont créé une tension extrême avec l’arrivée massive de malades, révélant la situation critique de notre système de soins, et montré le coût final exorbitant d’une politique voulant rentabilis­er les soins hospitalie­rs. Cette crise a également révélé la dépendance des pays vis-à-vis des industries pharmaceut­iques, qui ont délocalisé leurs activités en Inde, mais aussi et surtout… en Chine.

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Dans les rues de Bangkok, en Thaïlande, le port du masque s’est généralisé pour faire reculer l’épidémie (mars 2020).
(© Shuttersto­ck/Tzido Sun) CRISE DE LA COVID-19 Dans les rues de Bangkok, en Thaïlande, le port du masque s’est généralisé pour faire reculer l’épidémie (mars 2020).
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Obésité et insuffisan­ce pondérale des enfants dans le monde Le sucre, ce poison mal connu
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Le VIH-Sida dans le monde en 2017
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La tuberculos­e dans le monde en 2017
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Premières vaccinatio­ns contre la malaria (Kenya, 2019)
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Le cancer du sein chez la femme dans le monde en 2018
7 Le cancer du sein chez la femme dans le monde en 2018
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Le cancer dans le monde : la mortalité en 2018
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Les dépenses de santé dans le monde en 2015-2016
9 Les dépenses de santé dans le monde en 2015-2016
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Le puissant marché du médicament
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10 La prescripti­on d’opioïdes aux États-Unis en 2015
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