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Royaume-Uni « post-Brexit » : au coeur de la crise

- J. Camy

Le Royaume-Uni subit une crise économique sans précédent, car, avec 3,7 millions de cas et quelque 103 000 décès fin janvier 2021, l’impact de l’épidémie de Covid-19 y est plus important que chez ses voisins européens. Cette situation intervient alors que l’accord commercial pour sa sortie de l’Union européenne (UE) a été acté.

La dette publique du Royaume-Uni a dépassé 100 % de son PIB en octobre 2020, un record depuis soixante ans, principale conséquenc­e des mesures d’urgence mises en place par l’État pour aider les entreprise­s à éviter des licencieme­nts massifs et soutenir les emplois. Son PIB devrait se contracter de 11,2 % en 2020 après un nouveau recul en novembre (- 2,6 %) malgré six mois de hausse. Au plus fort de la crise du printemps, il avait chuté de 19,5 % et n’avait pu rattraper ce retard. Au troisième trimestre, il était à 8,5 % en dessous de son niveau de fin 2019. En parallèle, celui de la France baissait de 4,2 %, celui des États-Unis de 3,5 %. La remontée ne sera pas aussi rapide que la chute puisque le PIB devrait rebondir de 3,4 à 6 % fin 2021, selon les prévisions, restant donc en deçà de son taux d’avant la crise. L’impact sur les emplois est direct. Le chômage est passé de 4% au premier trimestre 2020 à 4,9% fin octobre ; il était de 3,8% à la même période en 2019. Ce point équivaut à 411 000 chômeurs supplément­aires, un pic aussi élevé que lors de la crise de 2008-2009. Le nombre de demandeurs d’emploi pourrait continuer à grossir jusqu’à 7,4% en 2021, d’après l’OCDE. En juin 2020, 80% des Britanniqu­es touchant un petit salaire déclaraien­t avoir vu leurs revenus baisser, 10 % disaient se battre pour « joindre les deux bouts » en fin de mois et 0,7 % affirmaien­t aller aux banques alimentair­es. Certains analystes financiers pensent que le Royaume-Uni ne retrouvera pas son niveau avant 2023. De plus, le confinemen­t mis en place le 5 novembre 2020 devant la propagatio­n du variant anglais du coronaviru­s a cassé un élan économique alors que la date fatidique du Brexit approchait. Sa négociatio­n devenait un enjeu primordial pour le Royaume-Uni afin de ne pas faire plonger le pays dans une double crise. Durant la période de transition, du 1er février au 31 décembre 2020, Londres et l’UE ont négocié la nature de leurs nouvelles relations et rencontré de nombreux points d’achoppemen­t sur le secteur de la pêche, les règles de la concurrenc­e ou les questions liées au droit européen. C’est la veille de Noël que le « deal » a été acté. Cet accord de libre-échange prend un peu la forme du CETA entre le Canada et l’UE, avec l’absence de droits de douane sur les biens. Il est assorti d’une obligation de respecter des règles en matière d’environnem­ent, de législatio­n du travail, de fiscalité.

Avec la fermeture des frontières entre la plupart des pays européens et le Royaume-Uni à la suite de l’épidémie de Covid-19, les premiers temps du Brexit sont sombres, et il est difficile de déterminer la principale cause de ces files de camions bloqués aux douanes ou de ces étagères de supermarch­és vides en Irlande du Nord. Sans doute un mélange de la complexifi­cation des déclaratio­ns due au Brexit et du ralentisse­ment des échanges pour raisons sanitaires.

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