Le bitcoin : d’un outil d’émancipation à un objet géopolitique
L’année 2021 a commencé avec une valeur record du bitcoin : 33 664 euros l’unité le 8 janvier, alors qu’il n’avait pas dépassé les 10 000 entre janvier et octobre 2020, et était resté sous la barre des 1 000 avant 2017. Avec l’épidémie de Covid-19, certaines cryptomonnaies sont apparues comme des valeurs refuges, soulignant leur poids grandissant au sein d’enjeux stratégiques internationaux.
Outre le fait que les possibilités d’utilisation du bitcoin se multiplient, avec notamment sa prise en charge par le service de paiement PayPal depuis octobre 2020, c’est la crise financière engendrée par la pandémie de Covid-19 qui a le plus profité à cette monnaie numérique. Les mesures de soutien des banques centrales à leur économie, surtout celle de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui a baissé ses taux d’intérêt de prêts au niveau plancher en 2019 (entre 0 et 0,25 %, contre 2,5 % en 2018) et fragilisé la valeur du dollar, ont entraîné une baisse de confiance de certains acteurs de la finance envers les monnaies fiduciaires.
RAPPORTS DE FORCE ENTRE AUTORITÉS ET INDIVIDUS
Apparu en 2009, au lendemain du scandale des subprimes, le projet bitcoin propose un système d’échange de valeur et une monnaie numérique éponyme, non pas géré par un gouvernement ou une banque, mais par un algorithme informatique et ses utilisateurs. La réputation du bitcoin, médiatiquement peu couvert à ses débuts, fut ternie par son utilisation sur des plates-formes numériques du marché noir (Silk Road, 2011-2013), pour le paiement de rançons de logiciels malveillants (CryptoLocker, 2013-2014) ou par le piratage et le vol de millions de dollars en cryptomonnaies sur des plates-formes d’échange (Mt. Gox, 2014). L’extrême volatilité a ajouté une couche de méfiance.
Certains gouvernements voient également en ce système décentralisé une menace pour leur souveraineté monétaire. Le blanchiment d’argent ou le financement du terrorisme sont par exemple évoqués pour exiger un durcissement des lois à l’encontre des cryptomonnaies. Si des pays autorisent ou bannissent l’utilisation du bitcoin, d’autres,