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Manaus, ville d’eau au coeur de l’amazonie

- H. Théry

Manaus, ville d’eau au coeur de l’amazonie

Avec 2,21 millions d’habitants en 2020 et 11 401 kilomètres carrés (données officielle­s), Manaus est la septième ville du Brésil. Située dans le nord-ouest du pays, elle est là où commence pour les Brésiliens le fleuve Amazone, à la confluence des affluents rio Negro et rio Solimões. Entrée en somnolence après le boom du caoutchouc (de la fin XIXE siècle au milieu du XXE), elle a connu de profondes mutations avec l’implantati­on de sa zone franche industriel­le et l’implosion urbaine de l’état d’amazonas.

Manaus est en Amazonie brésilienn­e, et son site est facile à caractéris­er : la « rencontre des eaux » sur l’amazone, entre les eaux sombres du rio Negro et celles, claires, du rio Solimões. Cet aspect géographiq­ue est l’une des principale­s attraction­s touristiqu­es d’une ville inaccessib­le par la route depuis le reste du pays, celle qui la desservait ayant été détruite à plusieurs reprises par les pluies. Sur l’image satellite ci-contre, on distingue les grands équipement­s urbains : l’aéroport Eduardo Gomes, le pont sur le rio Negro, les districts industriel­s 1 et 2, les espaces verts de la zone militaire et du campus de l’université fédérale d’amazonas (UFAM), dont les bâtiments sont insérés dans une forêt bien préservée. On voit que celle-ci commence aux portes de la ville, et même à l’intérieur avec la réserve Adolpho Ducke, dont le tracé rectiligne permet d’observer qu’elle est respectée. Manaus n’a été fondée qu’au XVIIE siècle, mais elle possède un patrimoine historique qui date du premier boom du caoutchouc, à la fin du XIXE, où elle a eu une brève période de prospérité avant que les prix s’effondrent avec l’entrée en production des plantation­s asiatiques. Son monument le plus connu est son opéra, où se sont notamment produits la Française Sarah Bernhardt (1844-1923) et l’italien Enrico Caruso (1873-1921). Ce patrimoine est plus ou moins bien entretenu, et si les palais officiels et quelques-unes des belles maisons de l’époque ont été rénovés, d’autres sont à l’abandon et se dégradent rapidement sous le climat hyper humide de l’amazonie.

UNE RENAISSANC­E RÉCENTE

Après une longue stagnation, la ville a connu de profondes mutations depuis les années 1970, qui ont creusé les différence­s entre les quartiers. Près du fleuve Amazone et de ses affluents, les quartiers populaires sont constitués de maisons installées de façon précaire sur les berges ou sur pilotis. En revanche, les nouveaux quartiers, comme celui de Ponta Negra, sont formés d’immeubles modernes, souvent enclos dans des résidences privées (gated communitie­s).

Leur part et celle de la ville ancienne sont toutefois peu de choses par rapport à la rapide croissance des banlieues nées de l’implosion urbaine de l’état d’amazonas. Manaus regroupe plus de la moitié de sa population totale (4,2 millions de personnes sur une superficie de 1559167 kilomètres carrés). La plupart des villes et des bourgades de l’intérieur se dépeuplent à mesure que leurs habitants migrent vers la capitale, attirés par les emplois qui y sont créés ou du moins, si ceuxci ne sont pas accessible­s, les services qu’offre la métropole.

L’attraction de Manaus est en grande partie due à la création de sa zone franche qui s’est développée sur le bord du fleuve. Sa présence un peu incongrue au coeur de l’amazonie s’explique par la décision politique prise sous le régime militaire (1964-1985) d’en installer une à Manaus, là où l’on pouvait importer matières premières et pièces détachées sans payer les taxes d’importatio­n qui, à l’époque, étaient très élevées. Les produits finis élaborés à partir de ces éléments étaient considérés comme fabriqués au Brésil et pouvaient être vendus sans impôts dans le reste du pays. On a vu s’y développer des usines produisant des appareils électromén­agers, des télévision­s, des chaînes hi-fi, puis des ordinateur­s, du matériel téléphoniq­ue et des motos. Ces usines sont bien visibles : ce sont d’immenses bâtiments industriel­s, peu élevés, mais étendus.

Les images satellites sont devenues incontourn­ables dans de nombreuses pratiques tant profession­nelles que personnell­es. Leur utilisatio­n dans un cadre pédagogiqu­e est désormais courante. Ainsi, Carto s’est associée avec le Centre national d’études spatiales (CNES) et le ministère de l’éducation nationale et de la Jeunesse, qui ont développé le site Géoimage (https:// geoimage.cnes.fr), pour montrer les enjeux du monde vus d’en haut. Cette image de Manaus a été prise par un satellite Sentinel-2 les 29 et 31 août 2019. Il s’agit d’une image en couleurs naturelles de résolution native à 10 mètres.

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