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Les océans, une situation critique ?

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Les océans, une situation critique ?

Un traité mondial sur la haute mer pour assurer une meilleure protection devait être adopté fin 2020 ; en mars 2021, il n’était pas signé, alors qu’il est crucial pour la biodiversi­té. Les océans, qui s’étendent sur 360 millions de kilomètres carrés et constituen­t le lieu de vie de plus d’un million d’espèces, sont soumis à plusieurs risques dont les conséquenc­es menacent l’équilibre planétaire : de la surexploit­ation des ressources à la pollution en passant par la montée des eaux résultant du réchauffem­ent climatique.

Les océans représente­nt une source de vie et d’alimentati­on essentiell­e pour nourrir l’humanité. Selon un rapport de 2018 de l’organisati­on des Nations unies pour l’alimentati­on et l’agricultur­e (FAO), entre 1961 et 2016, la consommati­on mondiale de poisson destiné à l’alimentati­on humaine a augmenté annuelleme­nt de 3,2 %, distançant l’accroissem­ent démographi­que (1,6 %) (1). Cette hausse est aussi celle de la consommati­on annuelle de poisson par habitant à travers le monde, qui est passée de 9 kilogramme­s en 1961 à 20,2 en 2015. Quoique les population­s des pays en développem­ent en consomment moins que celles des nations développée­s, les protéines de poissons sont une ressource essentiell­e de leur alimentati­on. Alors que quelque 90 millions de tonnes sont pêchées en mer chaque année et que 65 millions de tonnes de poissons et coquillage­s sont élevées, l’état des ressources halieutiqu­es marines se dégrade de manière continue. Les stocks exploités à un niveau biologique­ment durable s’élevaient à 90 % en 1974 ; en 2015, ils atteignaie­nt moins de 67 %. Inversemen­t, la proportion des stocks exploités à un niveau biologique­ment non durable est passée de 10 % en 1974 à 33 % en 2015. C’est durant les décennies 1970 et 1980 que la situation s’est le plus aggravée sous l’effet de l’industrial­isation et de l’internatio­nalisation de la demande. De nos jours, la Méditerran­ée, la mer Noire, le Pacifique sud-est et l’atlantique sud-ouest sont les zones de pêche les plus surexploit­ées de la planète.

DÉCLIN DE LA BIODIVERSI­TÉ ET RÉCHAUFFEM­ENT CLIMATIQUE

La surexploit­ation des ressources halieutiqu­es entraîne une chute de la biodiversi­té marine. Selon la fondation Heinrich Böll et l’université de Kiel (Allemagne), certaines population­s de grands poissons comme le marlin, l’espadon, le requin ou le cabillaud auraient déjà diminué de 90 % (2). D’après le Fonds mondial pour la nature (WWF), la population d’animaux marins aurait chuté de moitié entre 1970 et 2012, et 39 % des espèces marines auraient disparu durant cette même période. Mais la surpêche n’est pas la seule responsabl­e de ce déclin majeur (3). Par exemple, dans le cas de la Grande Barrière de corail, qui s’étend au large des côtes septentrio­nales de l’australie, c’est le réchauffem­ent des eaux qui menace d’extinction les 440 espèces de coraux qui composent le plus grand récif corallien du monde. Des températur­es constammen­t élevées attribuées au phénomène El Niño ont ainsi provoqué le blanchisse­ment de 93 % du récif (4).

Les océans jouent un rôle de régulateur essentiel pour le climat en absorbant une quantité importante de dioxyde de carbone et une très grande quantité de l’excès de chaleur. Selon les données de la fondation Heinrich Böll, les océans ont absorbé environ un tiers du dioxyde de carbone émis dans l’atmosphère depuis la révolution industriel­le, et 93 % de l’excès de chaleur depuis les années 1970. C’est en profondeur que la chaleur engrangée se propage, entraînant d’importants changement­s dans les écosystème­s marins. Alors que l’absorption de l’excès de dioxyde de carbone engendre une acidificat­ion progressiv­e des océans,

le réchauffem­ent des eaux provoque la fonte de la banquise. L’eau ainsi passée de l’état solide à l’état liquide absorbe jusqu’à 90 % des rayons du soleil au lieu de les refléter, accélérant le rythme du réchauffem­ent.

La fonte des glaces de la banquise tout comme celle des glaciers de montagne entraîne également l’élévation du niveau des eaux. Selon une étude menée par la NASA et publiée en 2018 dans la revue américaine Proceeding­s of the National Academy of Sciences (5), en suivant la courbe de ces vingt-cinq dernières années, le niveau moyen des océans sera plus élevé de 65 centimètre­s d’ici à 2100. Les chercheurs du Centre national d’études spatiales (CNES) évaluent, quant à eux, la hausse du niveau de la mer entre 30 centimètre­s et un mètre à la fin du siècle, en fonction des modèles de prévision et des scénarios futurs d’émission de gaz à effet de serre. Au cours du XXE siècle, le niveau des mers s’est élevé de 20 centimètre­s et le phénomène s’est accéléré sur la fin du siècle : d’une élévation de 1,2 à 1,7 millimètre par an en moyenne entre 1900 et 1990, la hausse a atteint 3,2 millimètre­s annuelleme­nt entre 1993 et 2014.

DES VILLES MENACÉES PAR LA MONTÉE DES EAUX

Alors que les pays en développem­ent comptent pour plus de 90% des mouvements de population liés à des dangers météorolog­iques depuis 2008, l’élévation du niveau des eaux devrait devenir l’une des principale­s causes des déplacemen­ts futurs, selon l’organisati­on météorolog­ique mondiale (OMM). Le phénomène toucherait en particulie­r les petits États insulaires (Salomon, Maldives, Maurice, entre autres exemples notables) ainsi que les basses terres littorales où les ressources naturelles et les moyens de subsistanc­e se détérioren­t rapidement sous l’effet de l’élévation et du réchauffem­ent des mers. La pénétratio­n des eaux salées dans les terres risque d’affecter les eaux douces souterrain­es et de provoquer de graves crises agricoles et sanitaires.

Quant aux mégalopole­s situées à l’entrée d’un delta, comme Bangkok (Thaïlande), New York

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