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Cybersécur­ité : géopolitiq­ue d’un défi planétaire

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Le nombre d’attaques informatiq­ues a explosé depuis le début de la pandémie de Covid-19 en 2020. La crise sanitaire a accéléré la numérisati­on des activités des individus et des structures politiques ou économique­s et, de fait, leur exposition aux cybermenac­es. Une aubaine pour des groupes criminels, mais aussi pour certains pays, qui utilisent le cyberespac­e pour accroître leur influence à travers le monde.

Si le nombre de victimes potentiell­es a été décuplé et les cyberattaq­ues ont été facilitées, c’est à cause d’une numérisati­on massive des activités humaines (télétravai­l, commerce en ligne, loisirs numériques) induite par les mesures sanitaires appliquées à travers le monde. Les risques de cybermalve­illance concernent l’internaute lambda, les entreprise­s ou les gouverneme­nts, qui peuvent voir leurs données confidenti­elles volées ou détruites et leur système informatiq­ue détourné. La technique la plus souvent utilisée pour pénétrer les ordinateur­s des victimes est l’hameçonnag­e (phishing), qui consiste à envoyer un courriel contenant un programme malveillan­t qui s’installe à son ouverture. Il y a aussi le rançongici­el (ransomware), qui verrouille l’accès au système infecté et demande une rançon contre les clés de déchiffrag­e. Ces outils sont utilisés par des criminels et des organes gouverneme­ntaux, constituan­t un marché en pleine expansion. Les États développen­t des stratégies pour augmenter la cybersécur­ité de leurs infrastruc­tures et de leur population.

UN ENJEU FINANCIER ET SÉCURITAIR­E

En 2020, le montant des rançons payées par des victimes de ransomware s’élevait à 406 millions de dollars, contre 93 millions en 2019. Si le coût financier de ces cyberattaq­ues peut parfois s’avérer important, elles peuvent également mettre en péril la sécurité des population­s en touchant des infrastruc­tures critiques. En mai 2021, par exemple, l’oléoduc Colonial Pipeline, qui fournit 45 % du carburant aux villes et aux aéroports de la côte est des États-Unis, a été victime d’un ransomware qui a entraîné l’arrêt de l’approvisio­nnement et impacté le trafic aérien du pays. Parmi les plus frappantes se trouvent celles visant les hôpitaux durant l’épidémie de coronaviru­s : en France, une trentaine d’établissem­ents de santé publics ont été victimes de rançongici­els en 2020. Certaines cyberattaq­ues servent également les intérêts – stratégiqu­es, politiques ou financiers – d’États. En 2007, en pleines tensions diplomatiq­ues avec la Russie, l’Estonie devient le premier État directemen­t visé par une cyberattaq­ue et voit la plupart de ses institutio­ns, médias et systèmes bancaires paralysés pendant plusieurs jours. Moscou a été pointé du doigt ; la Russie, que ce soient ses services de sécurité ou certains de ses ressortiss­ants, est souvent soupçonnée de cyberattaq­ues contre les États-Unis et leurs alliés. Les États-Unis dominent le monde en termes de cyberpuiss­ance, disposant de la National Security Agency (NSA), pilier de l’espionnage mondial généralisé. Elle serait à l’origine de la création, en collaborat­ion avec Israël, du virus Stuxnet (2010), destiné à attaquer les ordinateur­s du programme nucléaire iranien et ayant infecté des dizaines de milliers d’autres machines à travers le globe.

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