TUNISIE, L’APPRENTISSAGE DE LA DÉMOCRATIE, 2011-2021
Khadija Mohsen-Finan, Nouveau Monde éditions, Paris, 2021, 240 p.
Dix ans déjà que le peuple tunisien s’est soulevé contre la dictature et la pauvreté. Dix ans déjà que le peuple tunisien exige des conditions de vie meilleures, et la démocratie. Si la situation n’est pas parfaite, force est de constater que la Tunisie est le seul pays arabe qui s’en sort « bien ». La politologue et historienne Khadija Mohsen-Finan tente de dresser un bilan d’une décennie d’apprentissage, revenant sur les racines du soulèvement de 2010-2011 et analysant les enjeux sécuritaires en période de pandémie de Covid-19. Elle décrit ainsi comment sont nés les partis politiques et autres organisations auparavant interdits, comment les jeunes se sont emparés de la place publique pour montrer au pouvoir leurs aspirations, comment des élections libres s’organisent après une dictature, comment l’islam politique s’exprime comme une force active, comment les vieux réflexes autoritaires perdurent… Le parti Ennahdha, qui a su transformer l’islam politique en outil d’exercice du pouvoir, est analysé, notamment ses relations avec l’étranger (Qatar). À l’heure où la Tunisie du président Kaïs Saïed, un conservateur sans étiquette élu en 2019, inquiète justement les démocrates, la lecture de cet essai s’impose.