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QUEL AVENIR CALÉDONIEN ?

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« Voulez-vous que la NouvelleCa­lédonie accède à la pleine souveraine­té et devienne indépendan­te ? » Telle est la question posée lors des référendum­s de 2018, 2020 et 2021. Le « non » l’a emporté trois fois, mais avec une importante abstention. En dépit de trente années de politiques de rééquilibr­age destinées à amoindrir les clivages socio-économique­s, le sentiment indépendan­tiste reste fort. L’avenir de la Nouvelle-Calédonie ne peut se régler par la seule voie des urnes : la revendicat­ion de souveraine­té du peuple kanak n’est pas soluble dans le temps et suscite des interrogat­ions quant à la capacité de la France à y répondre.

nations du Pacifique sur les prêts chinois, qui peuvent apparaître toxiques pour des économies fragiles dans l’incapacité de rembourser (cf. carte 8 p. 20). Mais il est difficile de percevoir la portée et la finalité exactes de ces aides financière­s, car l’exécutif chinois ne publie pas d’informatio­ns détaillées. Les gouverneme­nts des îles du Pacifique ne sont pas non plus toujours transparen­ts. Officielle­ment, l’Australie reste le principal donateur de la région. Dans le cadre de la coopératio­n régionale, les marines australien­ne et néo-zélandaise, en lien avec la française, multiplien­t les opérations de contrôle pour limiter la pêche illicite et ainsi pallier l’incapacité des micro-États à couvrir leurs zones économique­s exclusives. La majorité des États micronésie­ns ne peuvent mobiliser que deux ou trois navires, dont l’essence est payée par l’aide australien­ne. Mais il est difficile de contrôler l’ensemble du Pacifique face aux stratégies des flottes de pêche chinoise, coréenne, taïwanaise, japonaise ou américaine.

Cette politique interventi­onniste de Canberra est mise en oeuvre après la période des décolonisa­tions, notamment à la suite de sa prise de leadership lors de l’opération des Nations unies au Timor oriental en 1999, qui accompagne son indépendan­ce aux dépens de l’Indonésie. Dans la décennie 2000, l’Australie est intervenue dans son voisinage mélanésien (en 2003 aux Salomon, lors de l’opération « RAMSI ») et a multiplié l’envoi de policiers fédéraux et de conseiller­s à la sécurité au Vanuatu, en Papouasie-Nouvelle-Guinée ou à Nauru, en dépit de critiques de dirigeants locaux et d’accusation­s de néocolonia­lisme. Depuis la décennie 2010, les interventi­ons sont plus discrètes et moins militarisé­es. La Nouvelle-Zélande, pour sa part, se concentre sur la Polynésie.

DES RESSOURCES MARINES CONVOITÉES

Cette géopolitiq­ue reflète les enjeux autour des ressources marines (cf. carte 9 p. 21), qui vont des gisements d’hydrocarbu­res exploités sur la plate-forme continenta­le au fond des océans couvert de nodules polymétall­iques. Elles s’exploitent dans des lagons polynésien­s pour les huîtres perlières, dans les baies néo-zélandaise­s pour la mytilicult­ure, mais elles peuvent aussi, comme dans le cas du thon, être traquées en pleine mer. Ces ressources marines génèrent aussi parfois de véritables problémati­ques. Il faut savoir faire respecter ou négocier des droits de pêche dans ses eaux territoria­les comme il est parfois nécessaire de revendique­r son autorité sur un récif pouvant jouer sur les limites en mer entre deux pays. La zone économique exclusive (ZEE) définit sur 200 milles à partir des côtes des droits de souveraine­té sur les eaux et les fonds marins. Droits qui peuvent être étendus sur une partie du plateau continenta­l, comme l’Australie et la Nouvelle-Zélande l’ont obtenu. Les négociatio­ns entre Canberra et le Timor oriental pour le contrôle des revenus de l’exploitati­on pétrolière montrent que leur

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Indépendan­tistes kanaks, en décembre 2021
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