N’ est pas La Fontaine qui veut
En fait, l’anthropomorphisme, quand ça dépasse les histoires de Père Castor ou de Petit Ours brun, c’est risqué. À trop vouloir appliquer aux animaux les moeurs humaines, on se plante. Dans sa chronique estivale « Les conseils avisés de nos amies les bêtes de sexe », sorte de bestiaire vu sous le prisme de la sexualité et publié sur Lepoint.fr, Frédéric Lewino nous a livré un condensé quotidien de gras, de libidineux et de parfois franchement limite. « La violence conjugale est une façon commode pour le mâle de montrer sa virilité
aux femelles de rencontre », explique le journaliste responsable de la rubrique sciences et environnement du Point, à propos de la sexualité de la tortue d’Hermann, dans le tout premier de ses « conseils à méditerter ». Ça commençait fort. Dans le monde merveilleux de Lewino, les femelles – et par extension les femmes, a- t- il imposé – sont « coquines », « cerrtainement pas des saintes-nitouches ouches », « gourmandes » , « vraies ogresses resses » , « vicieuses », et on vous en passe. Il aura eu le loisir de filer la métaphore sur les deux mois des grandes vacances. Sous le couvert de l’humour, notre héraut de la cause masculine s’accroche à des schémas misogynes d’avant-guerre. Évoquant le gorille des montagnes, animal qui est rarement trompé par ses compagnes, il compare ses attributs (« quéquetteuette […] de trois centimètres de long ») à ceux de l’homme pour en arriver à l’épineuse question : « Quand on sait que l’homme’homme possède le plus long sexe parmi armi les hominidés, que faut-il en conclure sur la fidélité des femmes... ? » On l’avoue, on en a eu rapidement marre et on n’a pas tout lu de ces longues chroniques pompées mot pour mot sur le bouquin Passions animales, publié chez Grasset par Fred-le-prolixe en 2006. On s’étonne surtout que Le Point s’aventure à cautionner autant de lourdinguerie.
L’apprenti zoologue
Lewino a embarqué dans sa galère lubrique un confrère féminin, Gwendoline Dos Santos : chaque chronique était accompagnée de sa vidéo rocambolesque dans laquelle elle jouait le faire-valoir de notre apprenti zoologue. Avec en fond sonore la B.O. d’un film de fesses, râles inclus, les compères récitaient maladroitement leur texte, déguisés en baroudeurs de la savane. Et le supplice ne devrait pas s’arrêter avec l’été puisque notre ami « journaliste » n’en est pas à son coup d’essai : en mars dernier, il comparait Christiane Taubira à une esclave noire à laquelle un colon apprenait à lire. Un mois avant, dans une vidéo, il présentait une journaliste qui s’apprêtait à parler politique ainsi : « Depuis la création du Point, nous avons toujours eu la chance d’avoir des journalistes politiques femmes non seulement excellentes, mais aussi des canons… » Placardée derrière lui, une couv de l’hebdomadaire arborant une paire de seins à l’occasion d’un dossier chirurgie esthétique. On n’est pas loin de penser que Frédéric Lewino a un sérieux problème avec les femmes.