Plafond de verre : la lutte s’organise place Beauvau
L’idée germe en 2013 lors d’un repas organisé pour la Journée de la femme. On y parle de l’association Femmes et diplomatie, créée en 2008 au Quai d’Orsay. Et pourquoi pas nous ? se disent alors Marie-France Monéger-Guyomarc’h et quelques collègues cadres de Beauvau. Six mois plus tard naît Femmes de l’Intérieur *, qui s’adresse aux mille femmes en responsabilité au sein du ministère. La directrice de l’IGPN est élue à sa tête. Espiègle, elle l’aurait bien vu s’appeler Femmes d’Intérieur, mais ce brin d’autodérision a été loin de faire l’unanimité. L’association regroupe aujourd’hui quelque trois cents adhérentes issues de la police, de la gendarmerie, de la préfectorale, de l’Inspection générale ou du corps des sapeurs-pompiers, et oeuvre pour bousculer les mentalités. Le 13 juin, à l’occasion de sa deuxième assemblée générale, elle a organisé un colloque sur ces fameux stéréotypes. « Il y a bien sûr des différences physiologiques entre garçons et filles in utero, mais, au niveau du cerveau, seulement 10 % des connexions neuronales ont été établies. Les 90 % restants se construisent après, en interaction avec le monde extérieur » , a rappelé Corinne Hirsch, du Laboratoire de l’égalité. La secrétaire générale du Conseil supérieur de l’égalité professionnelle, Brigitte Grésy, a averti quant à elle que le chemin serait long : « On dit de plus en plus aux femmes : “Osez !” Mais on ne dit pas à quelqu’un qui n’a jamais appris le chinois : “Osez parler chinois !” » Au sein du ministère, un programme de formation baptisé Ariane vise d’ailleurs à créer, d’ici à quatre ans, un vivier de soixante-quinze femmes prêtes à oser l’ambition. Souvent trop effacées, elles doivent gagner en assurance. Car, comme l’explique Marie-France Monéger-Guyomarc’h, « des études montrent qu’une femme n’accepte un poste que si elle est sûre à 70 % de pouvoir l’assumer. Chez les hommes, ce chiffre n’est que de 50 % ! ».