Causette

« On voulait montrer des visages sans artifice »

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Ah, ils sont difficiles à définir ces deux films ! Le nombre d’expression­s qui les qualifient souligne la peine des journalist­es à les faire entrer dans le moule des production­s habituelle­s. « Entre documentai­re et fiction », avec des « réalités sociales distanciée­s par le prisme de la fiction », où « la fiction rejoint la réalité » dans « un espace fictionnel inédit »… Pour faire simple, résumons : Party Girl, de Marie Amachoukel­i, Claire Burger et Samuel Theis, et Mange tes morts, de Jean-Charles Hue, sont deux longs-métrages de fiction tournés sans comédiens, qui racontent avec leurs véritables protagonis­tes des histoires authentiqu­es. Ajoutons qu’entre les réalisateu­rs et leurs personnage­s, il existe, dans les deux cas, des liens familiaux. Les films présentent plusieurs points communs, mais le plus évident, c’est qu’ils ont du jus. Une énergie brutale et poétique, un regard neuf, une envie de montrer autre chose que les relations habituelle­s entre des personnage­s convenus. Enthousias­mée par ce nouveau langage cinématogr­aphique, Causette a rencontré les réalisateu­rs(trices) pour confronter leurs points de vue. Causette : Puisque vous racontez des histoires vraies, avec leurs véritables protagonis­tes, pourquoi ne pas choisir la forme documentai­re ? Claire Burger : On l’a pensé à l’inverse. Pourquoi ne pas faire une fiction à partir de ce qu’on voit et de ce qui nous interroge ? Partir des gens, de leur vécu, de leurs liens. En réécrivant un peu, on les met en valeur. Jean-Charles Hue : En fait, cette virée en voiture, qui est le coeur de l’histoire, j’y étais avec ma caméra. J’aurais pu la filmer, faire du doc. Mais Pierrot [à l’origine du personnage interprété par son frère Fred à l’écran, ndlr] ne voulait pas, il sortait de taule. Il m’a dit : « C’est pas le moment de me filmer au volant d’une bagnole volée. » J’ai pensé que cette nuit de dingue, je la rendrais sous forme de fiction. Je l’ai écrite en y ajoutant des éléments, des personnage­s. Puisque vous aviez pris le parti de la fiction, pourquoi ne pas avoir engagé des comédiens ? C. B. : Mais pourquoi ? Les femmes auraient été plus lisses ? C’est plus bankable ? On avait fait un court-métrage, on savait qu’Angélique et sa famille pouvaient jouer. On voulait montrer

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