Meilleure copine
Asa, c’est la copine qu’on regrette de ne pas voir assez souvent. La chouette nana à la présence familière qui, de ses yeux tout ronds, sonde les vôtres. Au jeu de la promo, l’auteure-interprète d’origine nigériane sort des cases. Parle chiffons. Déborde. Taquine même le chronomètre des attachés de presse tant elle a de choses à nous raconter, quatre ans après la sortie de son deuxième album, Beautiful Imperfection (2010), et les deux longues années de tournée qui ont suivi : « Après cette période faste, à tout donner, je voulais renaître à moi-même et faire toutes ces choses qui devenaient vitales : être au contact des gens, conduire une moto à pleins gaz, faire du skate et apprendre à nager en visionnant un DVD [rires]. » Grâce à cet élan de vie, l’artiste part sur les routes et écrit tout du long Bed of Stone, son troisième album, sorti le 25 août. Pour cela, elle s’imprègne des atmosphères de Nashville, Los Angeles, Paris, ville où elle est née, ou encore Lagos, l’ancienne capitale du Nigeria, qui l’a révélée en tant qu’artiste. Allergique à l’à-peu-près, elle enregistrera deux fois l’opus pour qu’il colle au plus près à la vie. La sienne comme la nôtre. De sa voix chaude et voilée, passant à loisir de l’anglais au yoruba (dialecte nigérian), Asa chante l’amour (How Did Love Find Me). « Celui qui vient vous chercher vous cueille, dit-elle. Car “tomber amoureux” signifierait qu’on doit tôt ou tard s’en relever. » Elle règle aussi ses comptes après une trahison sur Dead Again, chanson écrite en deux heures à peine. Surtout, Asa valorise un héritage musical qui ne connaît aucune frontière : vinyles d’Angelique Kidjo, de Femi Kuti, qu’elle écoute enfant, musiques festives des parades de Lagos, fanfares de La Nouvelle-Orléans ou standards de la soul profonde de Nina Simone et Sade. Le temps file. Et, comme notre meilleure copine, elle promet d’une bise chaleureuse de nous revoir. Autour d’une tasse de thé, cette fois.