Les radis de la crèche
En pleine pénurie de solutions d’accueil des 0-3 ans, 100 000 créations de places en crèche, prévues d’ici à 2017, sont menacées d’être jetées avec l’eau du bain. L’annonce vient de Jean-Louis Deroussen, président de la Caisse nationale d’allocations familiales (Cnaf). La faute à pas de sous ? Non, la faute aux collectivités territoriales, ou presque. Ces dernières sont supposées financer les créations à hauteur de 70 %. Le problème, c’est qu’une seule place coûte 34 000 euros, contre 18 000 euros il y a quatorze ans ! Une répercussion directe de la flambée des prix des terrains à bâtir et des normes d’accueil de plus en plus exigeantes ( sécurité, hygiène, confort…). Coût multiplié par deux donc, quand, sur la même période, l’allocation de l’État n’augmente que de 33 %. Résultat, l’an dernier, seules 6 000 places ont vu le jour au lieu des 11 000 attendues. Ainsi, ce sont 243,7 millions d’euros que les collectivités n’ont pas engagés. Un sous-investissement qui plombe l’avenir : puisqu’elles n’ont pas touché au gâteau, les collectivités vont être privées de dessert. Bim, 243,7 millions en moins par an jusqu’en 2017 ! Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales, reconnaît qu’ « il y a eu un rééquilibrage ». Mais elle affirme que d’ici à 2017 « l’objectif demeure : 100 000 nouvelles places » et l’augmentation du budget de 7,5 % par an maintenu lui aussi. Alors, simple retard à l’allumage ? Ou bien le ministère des Affaires sociales nous sert un beau « compte » pour enfants, avec une morale inavouée : il faudra bien faire autant avec moins. C’est la déco des crèches qui risque d’être austère.