Bon pour le moral
« Vous imaginez, recevoir une prothèse capillaire par la poste ? Ce serait horrible. Alors je me déplace auprès des femmes que nous aidons », explique Anne-Marie Laurent, présidente de l’association Féeminité, qui récolte et distribue des accessoires pour vivre avec son cancer (prothèses capillaires et mammaires, turbans, foulards, etc.). En 2013, on lui diagnostique un cancer du sein et, « comme toutes les femmes », elle passe par une période de stupeur et de doutes : elle voit « disparaître [ sa] féminité » en même temps que tombent ses longs cheveux bruns sous l’effet du traitement de chimiothérapie. Des amis se cotisent à hauteur de 350 euros pour participer à l’achat d’une perruque synthétique à 875 euros – la sécurité sociale ne rembourse que 125 euros.
Offrir un vrai soutien
En arrêt maladie, Anne-Marie Laurent parcourt les forums Internet de malades qui, comme elle, se retrouvent écrasées par la charge financière de leur cancer. « Durant mon traitement, j’ai pris conscience que je ne voulais pas conserver ce matériel pour moi “au cas où”. J’ai voulu en faire don à des femmes qui en avaient besoin sur le moment. Et là, grande surprise, il n’existait aucun organisme qui proposait ces services. Il y a bien Solidarité Perruque, site créé par l’Institut du sein et qui permet de donner et de recevoir des prothèses capillaires, mais, à mes yeux, il est trop impersonnel. C’est ce relationnel manquant que j’essaie d’insuffler. » En 2014, Anne-Marie Laurent se débarrasse de sa perruque dès qu’elle a recouvré « un millimètre de cheveux sur le crâne » et crée Féeminité avec ses accessoires personnels. Aujourd’hui, elle affiche fièrement 5 centimètres de cheveux et 25 adhérents à son association. Laquelle a déjà reçu des dons d’accessoires provenant d’une cinquantaine de personnes.
La soeur d’Anne-Marie s’occupe du rédactionnel, sa fille aînée de la comptabilité, et Fééminité a jusqu’ici aidé cinq femmes malades. « Quand on arrive chez ces personnes, elles sont en train de perdre leurs cheveux ou s’apprêtent à les perdre. Elles cherchent plus qu’une prothèse ou un turban, elles souhaitent dialoguer sur notre maladie. J’en ai accompagné certaines à leurs séances de chimio », raconte Anne-Marie, qui a été aide médicopsychologique auprès de patients Alzheimer. Et ajoute : « Je suis persuadée que faire quelque chose pour ces personnes qui vivent les mêmes choses que moi m’aide à guérir. »