DOMMAGES COLLATÉRAUX
Un couteau, deux amoureux, une dispute, une blessure, Phèdre? Roméo et Juliette? Non, Thomas et Nabilla, les deux stars de la téléréalité, dans un sombre appart-hôtel de BoulogneBillancourt, une nuit de novembre 2014. Et si la télé-réalité rendait fou? Le magazine californien The Hollywood Reporter a compté les morts tombés au front de l’audimat. Depuis 1999 et le premier Big Brother batave, 27 personnes n’ont pas survécu à leur exposition cathodique. Accidents, maladies, suicides, sur le monument aux morts virtuel du site américain ne figure pourtant pas François-Xavier Leuridan, alias FX, « découvert » dans la troisième édition de Secret Story, qui s’est jeté sous les roues d’une voiture en 2011. FX, qui ne cachait pas ses tendances dépressives, ne sera pas mort pour rien : depuis, Endemol vérifie les antécédents psychiatriques de tous les candidats avant leur entrée dans le jeu. Risque psychologique, mais aussi danger physique. Koh-Lanta et ses candidats rationnés, obligés de rester debout sur des poteaux pendant des heures sous un soleil écrasant, poussés au dépassement de soi pour remporter des épreuves, sont un cas d’école. Au Pakistan, en 2009, un participant se noie sous les yeux de ses coéquipiers en traversant un lac, un sac de 7 kilos sur le dos. En France, Gérald Babin, 25 ans, décède en plein tournage de l’édition 2013, victime d’une crise cardiaque. Le médecin de l’émission, tenu pour responsable par certains de la mort du jeune homme, se suicide dix jours plus tard. Face à ce double drame, l’émission 2013 disparaît des écrans radars et pas une image ne sera diffusée. Des précautions que ne prennent pas toutes les sociétés de production. En Bulgarie, dans Koh-Lanta toujours, la mort d’un candidat n’a pas empêché les autres de continuer à courir après leur totem. À la diffusion, son décès sera même intégré au montage, comme un ressort scénaristique de plus.