Le business de l’après
Une fois sortis du bocal, les candidats déploient des trésors d’inventivité pour ne pas disparaître des écrans. Ils rejoignent la « bourse de la star », où leur prix est évalué en fonction de leur capacité à faire le buzz sur leurs coucheries, accouchements, coupes de cheveux… L’audience se financiarise directement par les « bookings », ces apparitions en discothèques rémunérées. Une soirée au Macumba d’une ville de province permet à un ancien candidat de téléréalité de gagner entre 500 et 800 euros. Les gains des nantis de Secret Story s’établissent, eux, autour de 1500-2000 euros, les deux heures de bisous aux fans comprises. Et pour fabriquer du bruit médiatique, les anciens transitent tous par Jeremstar, journaliste et VRP à lui tout seul du milieu, autant juge que partie. Avec 2 millions de visiteurs uniques par mois sur son site, sa force de frappe ferait pâlir plus d’une vraie agence de com. On l’a rencontré dans son fief du XVIe arrondissement de Paris. Son look est postadolescent, mais son business est important. Son iPhone 6 posé sur la table clignote comme une guirlande de Noël. « Je reçois près de 300 messages par jour des candidats. Ils me racontent tous leur vie, leurs amours, leurs ruptures, et après je mets tout en ligne. Ils se balancent beaucoup entre eux, mon site, c’est Vichy! » s’amuse-t-il entre deux bouffées de cigarette, couvé du regard par son attachée de presse – car, oui, Jeremstar a une « directrice de communication ». Titulaire d’un bac littéraire et d’un BTS en communication, Jeremstar reste l’un des rares à conserver une légère hauteur de vue sur son milieu. « La télé-réalité, c’est le pire public de la terre, on est des sous-stars, donc on a des sousfans : les gens nous considèrent comme le bibelot de leur salon et nous tripotent, personne n’oserait faire ça avec Madonna. » On n’a pas pu s’empêcher de lui poser la question de l’impact sur la jeunesse de la télé-réalité, qui valorise tant l’agressivité et le massacre de la langue française. « Oui, j’ai une responsabilité éditoriale, avec des enfants de 8 ans qui me suivent, et des centaines de milliers de likes quand je poste quelque chose. Mais je ne peux pas ne pas donner au public ce qu’il demande », reconnaît-il.