Causette

STÉPHANE COURBIT, DE LA TÉLÉ-RÉALITÉ À LA REALPOLITI­K

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L’image est étonnante, pour ne pas dire un brin cynique. C’est celle de Stéphane Courbit, 49 ans, producteur multimilli­onnaire de Loft Story, qui baisse le visage, accélère le pas, évite les journalist­es, fuit les micros, tout en essayant tant bien que mal de semer la dizaine de cameramans qui le suit à la trace. Il est vrai qu’en ce début d’année 2015 l’homme d’affaires n’est pas près de récolter le vote du public, il comparaît pour « abus de faiblesse » sur la personne de Liliane Bettencour­t. La justice lui reproche d’avoir obtenu de l’héritière 143,7 millions d’euros. Depuis, il a promis de rendre la somme, et la famille Bettencour­t a retiré sa plainte. Stéphane Courbit risque tout de même trois ans d’emprisonne­ment, un comble pour l’inventeur de la télé-réalité dite « d’enfermemen­t ». Tout avait si bien commencé, une vraie success-story : dans les années 1990, autodidact­e, ce fils de postière monte à Paris et se fait remarquer par Christophe Dechavanne, dont il devient l’assistant. En 2001, il vole de ses propres ailes en devenant le patron de la filiale française du groupe Endemol, leader de la télé-réalité dans le monde. Il crée Loft Story, un raz de marée en matière d’audience, une formidable machine à cash aussi : près de 5 millions de téléspecta­teurs en moyenne pour la première saison, 35 % de part de marché, la carrière de Stéphane Courbit est lancée. La télé-réalité ne le quittera plus jamais. Après le Loft sur M6, il produit la Star Academy sur TF1, puis Nice People ou encore La Ferme célébrités. En 2007, il quitte Endemol, empochant au passage 240 millions d’euros. Quelques mois plus tard, il fonde sa propre multinatio­nale, Banijay, en s’associant à d’autres investisse­urs. Une riche idée : en 2014, le groupe devient le premier producteur d’émissions « de flux » en France et atteint un chiffre d’affaires de 400 millions d’euros. Un parcours sans fautes qui vaut à Courbit de se placer à la 122e place des plus grandes fortunes de France. Si ses 500 millions d’euros de patrimoine personnel ne le mettent pas à l’abri des poursuites, elles le mettent au moins à l’abri du besoin.

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