La liberte a vu le loup! Ahouuuu!

Il y a toujours un loup. Celui caché dans la chambre. Celui que toute petite fille ne doit pas voir trop tôt. Celui qui menace d’entrer dans la ville. Celui qui agit seul, qu’on appelle « loup solitaire » à la télé et qui fait très peur à tous les policiers. Celui qui est à la fois loup pour l’homme et pour lui-même. Ou l’inverse. Plus ses potes. Et ils sont nombreux, qui nous encerclent. Mais bon, je connais mes classiques : tous les loups des histoires sont connus pour être dangereux, mais quand même un peu cons-cons. Et dans le con-conte de 2015, la petite fille qui était tout emmitouflée de rouge s’appelait le Petit Liberton rouge... À peine réchappée, quoique salement amochée, de son combat parisien face à trois horribles loups, elle croisa, dans la forêt de Copenhague où elle allait discuter avec ses amis du droit de parler à voix haute, un loup solitaire. Déçue de tomber une fois de plus sur un bas du front, elle lui dit : « Ah non ! loup, que fais-tu encore ici ? » Le loup répondit à côté : « Pourquoi as-tu, Petit Liberton, un grand crayon ? – C’est pour mieux te croquer, mon enfant ! » déclara la petite. « Je n’aime pas ta liberté, Liberton, alors je vais te manger. » Le Liberton eut à peine le temps d’affirmer posément « I’ll be back » qu’elle fut avalée sur l’instant. Dans le ventre du loup solitaire, elle se demanda quand quelqu’un pourrait bien venir avec de grands ciseaux pour la délivrer de cet enflé d’animal, pendant son sommeil comme ça se fait dans tous les contes. Parce que la galère serait bien de rester plongée dans l’obscurité à tout jamais. Pour la première fois, le Liberton avait très peur. Peut-être qu’elle n’aurait pas dû sous-estimer le nombre de moutons noirs rejetés capables de se changer en loups affamés. Alors, faisant contre mauvaise fortune bonne réflexion, le Liberton se dit qu’elle ferait bien de profiter de ce temps hors du monde pour tout repenser. Qu’après tout, ce moment passé dans le ventre du loup, c’est un peu comme une gestation. « Mais bordel, se dit-elle en s’allumant une clope, de ma petite soeur au ministre de l’Intérieur, tout le monde a peur du loup, c’est quand même fou... » Et tapant sa cendre pensivement du bout de l’index, elle réalisa que seule la peur du noir empêche de trouver l’interrupteur. Alors, contente de sa trouvaille, elle craqua une à une ses alloufs et se mit à ramper dans la bête. Jusqu’à apercevoir le bout du tunnel… Là où il y a de la peur, il n’y a pas d’avenir. Causette