La stratégie sémantique de Nicolas Sarkozy
Nicolas Sarkozy vient de changer le nom de l’UMP pour « Les Républicains ». Ce nom pose problème, car la république appartient à tous, que l’on soit de gauche ou de droite, car la république n’appartient pas à un camp, elle nous permet de vivre ensemble démocratiquement. En effet, être républicain n’est pas une adhésion à un parti mais à un régime politique, même si le mot « république » a longtemps été utilisé par les différents partis gaullistes.
Toutefois, lorsqu’on analyse la définition de la république dans la lettre de Nicolas Sarkozy à ses militants pour justifier le choix du nouveau nom du parti, on remarque que la république est réduite aux acquêts de la droite libérale !
« Autorité, mérite, effort, laïcité, unité » sont les termes utilisés par Nicolas Sarkozy pour définir sa notion de la république. À l’inverse, « contrainte, laxisme, nivellement, intégrisme, communautarisme » sont les mots employés comme entrant en contradiction avec la république, tout en adressant un clin d’oeil à l’électorat du Front national (FN) par ailleurs.
Le consensus n’est donc pas à l’ordre du jour. En effet, la république sociale, fraternelle ou de progrès n’est jamais évoquée. Ces mots, qui appartiennent aux valeurs républicaines de la gauche, ne s’inscrivent pas dans la définition de la république de Nicolas Sarkozy. Que l’on se rassure, « Les Républicains » seront donc bien de droite, le clivage démocratique reste de mise !
Les Républicains : si le mot semble faible en matière d’identité pour un parti, il est très utile en ce qui concerne la stratégie de communication. En fait, ce nom est d’abord annonciateur du combat pour la présidence de la République de 2017. Nul doute que Nicolas Sarkozy prévoit un second tour contre Marine Le Pen, avec Les Républicains. Adieu au dévastateur UMPS qui, d’un sigle, résumait toute l’idéologie du FN. Avec Les Républicains, c’est le camp démocratique qui dispose, au moyen d’un seul nom, du pouvoir de résumer les futurs enjeux. Mais pour être exact, dans le cas où Marine Le Pen serait au second tour de la présidentielle, l’enjeu ne sera pas la république, mais la démocratie. Cependant, s’appeler Les Démocrates aurait sans doute été connoté trop « gauche » pour Nicolas Sarkozy !
« La république, c’est la liberté, ce n’est pas la contrainte. La république, c’est l’autorité, ce n’est pas le laxisme. La république, c’est le mérite, ce n’est pas le nivellement. La république, c’est l’effort, ce n’est pas l’assistanat. La république, c’est la laïcité, ce n’est pas le prosélytisme et l’intégrisme. La république, c’est l’unité, ce n’est pas l’addition de communautarismes… » Extrait de la lettre de Nicolas Sarkozy aux militants de l’UMP, le 6 mai 2015 2.