Fête des mères La fin du collier de nouilles
En ce dernier dimanche de mai, certaines d’entre nous ne se sont pas exclamées, la bouche en o, en recevant les oeuvres des mains potelées de nos petits : Oh ! le joli vase en argile qui s’effrite ! Oh ! le joli collier de rigatoni s! Oh ! un presse-papiers en papier mâché, ça me manquait…
Aujourd’hui, à l’école, la fête des Mères est souvent zappée ! Le plus souvent à la discrétion de l’instit. « En trente ans d’enseignement, je n’ai jamais fêté la fête des Mères. Et je ne suis pas un cas isolé ! » nous annonce Catherine Lyky, qui enseigne en maternelle dans le XIe arrondissement de Paris. Mais ne désespérons pas : « En juin, je fais la “fête des pairs” ! L’idée est que les enfants élaborent quelque chose collectivement, avec et pour leurs pairs. Par exemple en fabriquant un jeu de cartes pour lequel ils vont devoir créer les symboles et les règles du jeu ensemble. Avec la fête des Mères ou des Pères et les ateliers individuels, on véhicule l’idée que les enfants sont à l’école pour faire plaisir aux parents et non pour s’épanouir eux-mêmes ! »
Épanouissez-les, du moment qu’on a encore les cadeaux ! Et puis c’est vrai que cette fête, c’est un peu chelou pour nous, les femmes. Répondant aux préoccupations natalistes et de conservation de la « race » pendant l’entre-deux-guerres, la « Journée des mères de famille françaises » est régie par une loi dès 1926. Mais ce n’est qu’en 1950 qu’elle devient officiellement la « fête des Mères ». Les enseignants, de leur côté, ont été invités à impliquer les enfants… par une circulaire du régime de Vichy en 1941.
« C’est vrai qu’il y a cet héritage particulier, mais dans mon école, nous avons décidé de fêter la “fête des parents” surtout parce qu’on a de plus en plus de familles monoparentales », remarque Frédérique Ferrière, professeure des écoles en moyenne et grande section à Bourges. « Ce que les enfants cherchent en fabriquant un objet, c’est avant tout à faire plaisir ! Les colliers de nouilles, par contre, c’est fini depuis longtemps ! rigole-t‑elle. Aujourd’hui, on est beaucoup plus sensible à la dimension pédagogique de l’exercice. » Un mal pour un bien, donc. Et puis, après tout, il reste les pâtes à sel de Noël. « Non. Noël, dans ma classe, c’est le solstice d’hiver ! » rétorque Catherine Lyky. Il va falloir se faire à l’idée…