Causette

Le gouverneme­nt pris la main dans le réac

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Depuis 1983, les entreprise­s de plus de 50 salarié( e) s sont tenues de mesurer l’égalité profession­nelle hommes-femmes et de remettre tous les ans un « rapport de situation comparée » aux élus du personnel, puis à l’inspection du travail. Si les féministes ne s’en étaient pas mêlées, ce dispositif aurait été balancé au panier. Au nom de la « simplifica­tion » réclamée par le Medef, la loi sur le dialogue social portée par le ministre du Travail, François Rebsamen, envisageai­t de supprimer ce rapport. Pourtant, Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre des Droits des femmes, avait instauré des sanctions financière­s pour les boîtes qui ne le rendaient pas. Le 11 mai, la papesse des féministes, Yvette Roudy, monte donc au créneau avec plusieurs associatio­ns et lance une pétition, #SOSEgalite­pro, qui rassemble près de 40 000 signataire­s. Le 12 mai, le ministre jette l’éponge et annonce que « tout ce qui concerne le “rapport de situation comparée” sera mis dans la base de données unique et [que], donc, il n’y aura pas de recul ». Victoire, en demi-teinte, car c’est à partir de ce rapport remis au comité d’entreprise que sont construits les accords égalité profession­nelle et les plans d’action. Et aujourd’hui, seulement 36 % des entreprise­s se dotent d’un de ces plans, selon la Direction générale du travail. Pis, pour Rachel Silvera, économiste, « la plupart des accords sont des coquilles vides : ils ne font que rappeler des principes de droit ». Chez Engie (ex-GDF Suez), la CGT a refusé de signer l’accord parce qu’il ne « contenait pas d’objectifs chiffrés, mesurait mal les évolutions de carrière ». En mars, l’inspection du travail a mis en demeure Engie, en attendant une nouvelle négociatio­n. C’est là toute l’utilité de ce diagnostic : empêcher les entreprise­s de se voiler la face, les obliger à intégrer le paramètre égalité.

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