Causette

Du vertige

C’est l’organe de l’équilibre par excellence. Sans lui, on ne tient pas debout. Une machine sophistiqu­ée que quelques cristaux mal placés suffisent à faire dérailler.

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Difficile à entendre, mais l’oreille n’est pas que l’organe de l’audition, elle est aussi celui de l’équilibre. Plus précisémen­t, c’est l’oreille interne qui nous donne ce quasi sixième sens, coordonne les mouvements de la tête et des yeux et les ajustement­s de la posture du corps. « Vous gardez l’équilibre grâce aux informatio­ns détectées par le vestibule, auxquelles se combinent celles de la vision et des autres récepteurs sensoriels internes stimulés par les mouvements du corps », détaille Catherine de Waele, ORL à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrièr­e à Paris et chercheuse au CNRS.

En gros, chaque oreille est équipée de cinq types de capteurs qui fonctionne­nt en synergie. Ces récepteurs détectent l’accélérati­on et la position de la tête dans les trois dimensions de l’espace : les plans vertical, horizontal et oblique. L’oreille interne est remplie d’un liquide – l’endolymphe – dans lequel baignent des cellules sensoriell­es, en quelque sorte des cils recouverts de cristaux qui captent et traduisent tous les mouvements de la tête et du corps en général. Quand les cristaux se détachent – ce qui arrive dans 30 % des cas –, tout ne tourne plus rond ou, au contraire, beaucoup trop : un vertige du type Bashung… sans l’amour. « Un symptôme typique quand l’oreille interne dysfonctio­nne. Cela se traduit par des vertiges rotatoires ou des sensations d’instabilit­é – comme de l’ébriété mais sans euphorie, constate Catherine de Waele. Les patients imaginent faire un accident vasculaire cérébral. » Les vertiges sont un motif fréquent de consultati­on aux urgences, « 10 % environ », estime-t‑elle. Ils peuvent arriver à tout âge. Ils sont souvent dus à une carence en vitamine D ou à un traumatism­e crânien. La bonne nouvelle, c’est que les vertiges se soignent. « D’un seul coup, mal au coeur, la tête qui tourne. Je me suis assise, je ne pouvais plus me lever. Comme quand tu as trop bu, tu n’arrives pas à dormir tellement ça tourne. Il fallait que je me tienne aux murs, je ne pouvais pas marcher droit. Quand j’ouvrais les yeux, c’était un kaléidosco­pe. Vraiment mal au coeur. Tu sais, comme dans ces manèges épouvantab­les. C’était mon oreille interne droite qui était kaput. On ne sait pas pourquoi. Et puis j’ai fait de la rééducatio­n pour compenser, mais ça n’est pas revenu. Si je ferme les yeux et que j’essaie de marcher droit devant moi, je tourne vers la droite sans m’en rendre compte. » La belle et la bête, la modernité occidental­e et la sauvagerie des mondes perdus, l’humanoïde féroce et la demoiselle en détresse. Le yin et le yang, en fait. Mais à condition que Yin soit belle et, surtout, se taise. C’est de la compétitio­n que surgit ce duo-là, vacillant sans cesse entre attirance et répulsion, amour et haine, désir et dégoût. Mieux vaut être souple. Un long cauchemar où se mêlent non-dits, fantasmes inassouvis et frustratio­ns partagées à égalité par deux époux. L’équilibre dans l’insatisfac­tion. Ils construise­nt leur légende dans un fast-food, témoin de leur pulsion sanguinair­e. Déséquilib­rés, les deux ? Si peu. Leur recherche morbide de célébrité scelle le pacte.

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