Causette

BiChONS PAUVRES

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des visages shootés de près, bandeaux sur la bouche, noir et blanc dramatique… De loin, on jurerait qu’il s’agit d’une campagne contre les violences faites aux femmes. Mais ce sont des hommes qui sont bâillonnés dans la campagne #DontMancri­minate, lancée par le magazine en ligne indien Maggcom. « Les hommes petits n’ont pas de talons, les hommes laids n’ont pas de maquillage, les hommes stupides ne peuvent pas être blondes », peut-on lire sous le visage de l’un. « Je n’ai pas de verres gratuits. Je n’ai pas d’entrée gratuite. Je n’ai pas de vote de sympathie », lit-on sous le visage d’un autre.

Dans ce bas monde, voyez, les hommes sont écrabouill­és par la domination féminine. On se plaint des inégalités salariales, du sexisme ordinaire et des violences faites aux femmes, mais les hommes doivent payer leur entrée dans les clubs ! Une autre affiche pleurniche au sujet des bus et des trains réservés aux femmes. Rappelons qu’en Inde ceux-ci font partie d’un dispositif de lut te contre la recrudesce­nce de viols dans les transports en commun. Ma i s q u e l l e injustice ! c’est un article publié le 2 août dans The New York Times qui met le doigt sur le phénomène. On nous y raconte l’accoucheme­nt de Donna, avocate. Posté devant la salle de travail, un employé d’un institut de beauté auquel elle a fait appel attend son tour, fer à friser et sèche-cheveux en main, pour refaire une beauté à madame. On ne voudrait pas que la nouvelle maman ait l’air décrépi sur la photo post-accoucheme­nt qui finira sur les réseaux sociaux ! Joel Warren, propriétai­re d’un salon de coiffure à New York, explique : « Je crois qu’un jour quelqu’un s’est dit : “Pourquoi ne devrais-je pas être belle sur cette photo que je vais montrer à tout le monde ? La première photo de mon enfant !” » On nous présente également Lisa, infirmière obstétriqu­e en hôpital, dont le répertoire téléphoniq­ue contient la liste des salons de coiffure environnan­ts. Vous avez oublié de prendre rendez-vous ? Pas de souci, elle vous appelle quelqu’un illico !

Plutôt que d’argumenter, nous nous arrêterons sur les mots d’un visagiste habitué de ce genre de « mission » : « Elles veulent simplement être fraîches, être les meilleures versions d’elles-mêmes. Il faut les rendre pimpantes, tout le monde vient les voir ! » Est- ce qu’on vient emmerder les coureurs d’un marathon avec du fond de teint, nous ?!

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