Causette

Découverte de fosses communes

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Il a fallu que deux journalist­es du Monde soient arrêtés pour que le Burundi attire l’attention des médias. Pourtant, cela fait maintenant dix mois que le pays sombre dans la terreur. Fin janvier, des vidéos et des images satellites publiées par Amnesty Internatio­nal montrent l’existence de fosses communes où seraient enterrés des dizaines de corps. Les victimes : des civils tués le 11 décembre dans des quartiers considérés comme contestata­ires par le gouverneme­nt. Le pays s’est enlisé dans une crise sanglante depuis l’annonce, fin avril, du président Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat. Une décision contraire à la Constituti­on du pays.

Dans les colonnes de L’Obs du 4 février, Natacha Tatu, envoyée spéciale dans ce pays de la région des Grands Lacs, avance des chiffres terrifiant­s : 6 000 personnes arrêtées depuis avril et plus de 200 000 en fuite vers la Tanzanie, la RD Congo ou le Rwanda voisins. « Avant, on risquait la prison, mais aujourd’hui, c’est la mort », rapporte un avocat de l’opposition. Des sources présentes sur place nous ont indiqué être sans nouvelles de nombreuses personnes depuis le début de la crise et « attendre la venue d’experts internatio­naux et indépendan­ts sur place pour valider » les faits rapportés par Amnesty. La communauté internatio­nale semble d’ailleurs enfin réagir. Dans un communiqué publié le 15 février, les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne se sont dits prêts à renforcer les sanctions économique­s contre le pays sans pour autant suspendre son aide humanitair­e. Depuis le 26 novembre, Can Dündar et Erdem Gül, deux journalist­es turcs, sont en prison. Ils risquent la perpétuité pour avoir publié sur le site Internet de leur journal, Cumhuriyet (« la République »), la vidéo de l’intercepti­on à la frontière syrienne, en janvier 2014, de camions des services secrets turcs par des gendarmes. Ils y découvrent des armes dissimulée­s sous des cartons de médicament­s et destinées aux rebelles islamistes syriens. Suite à cette publicatio­n, le président Erdogan porte plainte contre les journalist­es pour « espionnage » et « divulgatio­n de secrets d’État » Mais aussi pour « aide à un groupe terroriste » et « tentative de coup d’État » , car le parquet les accuse d’accointanc­es avec la confrérie de Fethullah Gülen, sorte d’Opus Dei musulman et véritable objet d’obsession d’un président aux allures d’autocrate paranoïaqu­e. Procès prévu le 25 mars.

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