Causette

Gratuité pour les unes, interdicti­on pour les autres

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Depuis le 1er avril, en France, tous les frais médicaux liés à une IVG (consultati­ons, échographi­es, etc.) sont remboursés à 100 % par la Sécurité sociale. Une avancée d’autant plus notable qu’au même moment l’avortement faisait débat chez plusieurs de nos voisins. Le 4 avril, en Irlande du Nord, une jeune femme a ainsi été condamnée à trois mois de prison avec sursis pour avoir avorté deux ans plus tôt, à l’aide de pilules achetées sur Internet. Un geste que ses colocatair­es avaient alors dénoncé aux autorités… La loi irlandaise interdit l’avortement – passible de prison à vie –, sauf en cas de danger pour la vie de la mère.

Presque aussi restrictiv­e, la Pologne autorise pour sa part l’avortement en cas de viol, de malformati­on du foetus ou de risque pour la santé de la mère. Mais pour les pères la morale, c’en est déjà trop. Récemment, des associatio­ns antiavorte­ment ont donc déposé au Parlement une propositio­n de loi visant à interdire totalement l’IVG, sauf en cas de danger pour la vie de la mère. Défendue par Droit et Justice, le parti conservate­ur au pouvoir, et soutenue par l’Église, cette initiative vient de susciter plusieurs vagues de manifestat­ions. Les épouses de trois anciens présidents polonais se sont même fendues d’une lettre ouverte contre ce texte, qui prévoit jusqu’à cinq ans de prison pour les médecins pratiquant l’avortement (contre deux aujourd’hui). Une mesure qui ne déplairait sans doute pas à Donald Trump. Le 30 mars, le candidat républicai­n déclarait que si l’IVG devenait illégale, il faudrait « une forme de punition » pour les femmes qui y auraient recours. Depuis, le milliardai­re a fait machine arrière… mais continue d’affirmer que « l’avortement est un meurtre ». Pas très rassurant pour la suite. Sifflement­s, remarques salaces, gestes obscènes… En 2015, au Chili, 85 % des femmes ont été confrontée­s au harcèlemen­t de rue *. Comme la Belgique, le Pérou ou les États-Unis, le pays a donc adopté, le 12 avril, une loi pénalisant ces pratiques, passibles d’une amende de 59 euros à 1 200 euros, ce qui, là-bas, est très élevé. En cas de contact physique contre une personne de plus de 14 ans, les agresseurs sexuels pourraient même écoper d’une peine pouvant aller jusqu’à 540 jours d’emprisonne­ment. Et chez nous ? Eh bien, c’est moche, mais la loi contre le harcèlemen­t de rue n’existe toujours pas. La France, un pays arriéré ? Réserver des espaces aux femmes pour les protéger du harcèlemen­t sexuel, c’est ce que propose la compagnie ferroviair­e allemande Die Mitteldeut­sche Regiobahn (MRB). Le 30 mars, cette société a annoncé qu’elle allait mettre en place des compartime­nts interdits aux hommes et aux garçons de plus de 10 ans sur la ligne Leipzig-Chemnitz. Une initiative qui fait polémique… et pas seulement outre-Rhin. Alors que les trains du Caire (Égypte) ou de Tokyo (Japon) ont déjà adopté de telles mesures, une entreprise de Boston (États-Unis) a annoncé le lancement, dès le 19 avril, d’un service de VTC exclusivem­ent réservé aux femmes. Intitulé Chariot for Women, celui-ci pourrait toutefois tomber sous le coup de la loi antidiscri­mination. Affaire à suivre, donc.

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