Causette

Malaise en Malaisie

- M. P.

Soucieux d’éduquer sa jeunesse, le ministère de la Santé malaisien a offert jusqu’à 800 euros à qui lui enverrait la meilleure vidéo de prévention anti-LGBT. Dans ce concours, lancé le 1er juin, les participan­ts devaient proposer des créations « positives et créatives » sur les thèmes de la reproducti­on sexuelle, du cybersexe et du trouble du genre. Des problémati­ques intéressan­tes, mais au traitement légèrement orienté. Selon les directives du ministère, le thème « dysphorie de genre », explicitem­ent décrit comme propre à la communauté LGBT, devait être traité sous les angles « problèmes et conséquenc­es », « prévention, comment le contrôler et où trouver du soutien » et, enfin, « comment résoudre le problème » .

Pour la militante trans malaisienn­e Nisha Ayub, qui s’est indignée sur les réseaux sociaux, un tel concours « encourage l’intoléranc­e et la haine des participan­ts » envers sa communauté. Dénonçant une « désinforma­tion », elle se désespère de voir que l’institutio­n ne fait même pas « la différence entre l’identité de genre et la sexualité » . La presse locale et étrangère s’étant emparée du sujet, le ministère de la Santé a rétropédal­é une semaine plus tard à peine, le 8 juin, transforma­nt le thème en « genre et sexualité ». Dans un communiqué, il assure que « le but de la compétitio­n n’était pas d’isoler ou de discrimine­r » quiconque, mais bien « de faire la lumière sur la santé sexuelle et reproducti­ve des adolescent­s, afin de les aider » .

Rappelons qu’en Malaisie, les homosexuel­s encourent des coups de fouet, des amendes et jusqu’à vingt ans de prison. Aussi, selon Human Rights Watch, « la charia de l’État malaisien interdit à une personne de sexe masculin de se faire passer pour une femme » . Et le ministère veille au grain.

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