Un vent de liberté Respire !
« Il faut que tu respires, c’est rien de le dire… » Inutile de vous inquiéter si le tube de Mickey 3d vous trottine dans la tête en sortant de la projection d’Un vent de liberté. Ce beau film iranien ne parle que de ça : respirer. Une gageure quand on vit à Téhéran, l’une des villes les plus polluées au monde. Et qu’on est une femme. On vous explique.
Brise illusoire
L’héroïne s’appelle Niloofar. À 35 ans, elle vit seule avec sa mère et dirige un florissant atelier de couture en ville (saluons d’emblée l’interprétation subtile, très expressive, de Sahar Dolatshahi). En dépit de la pollution de l’air, étouffante, son horizon reste ouvert car elle vient de retrouver son amour de jeunesse, fraîchement divorcé. Sauf que la brume opaque qui recouvre Téhéran tel un couvercle métaphorique n’est pas là pour rien…
Asphyxie totale
Surprise : l’effet de serre provient ( indirectement) de la gentille vieille mère. Souffrant d’une maladie pulmonaire, celle-ci doit partir vivre à la campagne. Et ne saurait y aller seule. La famille décide donc, unilatéralement, que Niloofar déménagera avec elle. Puisqu’elle n’est pas mariée, qu’elle n’a pas d’enfants, qu’elle est la cadette, que la revente de son business va permettre à son loser de frère de payer ses dettes et… qu’elle n’a rien à dire. Une asphyxie patriarcale que le réalisateur, Behnam Behzadi, filme à travers une série de saynètes quotidiennes, au plus près de son héroïne. Impossible de ne pas s’identifier à elle !
Souffle nouveau
Donc, impossible de ne pas adhérer à son sursaut. En effet, alors que Niloofar s’est toujours pliée aux exigences des autres, elle va, cette fois, leur tenir tête. Comme propulsée par un souffle vital – le fameux vent de la liberté –, quand bien même le film se clôt sur une note ambiguë (qui laisse un brin perplexe). Au moins aura-t-elle tenté de respirer.
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