Causette

Mademoisel­le Causette,

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Mes amies les féministes américaine­s, qui ne sont jamais en retard pour chercher de nouvelles querelles aux hommes, nous ont récemment gratifiés d’un nouveau concept créatif tout à fait amusant : le manspreadi­ng, qu’on pourrait traduire par « écartement » ou « étalement » de l’homme dans les transports en commun. Cette fâcheuse tendance qu’ont certains malappris à empiéter sur l’espace de leur voisin en écartant trop les genoux n’avait échappé à personne, mais, comme le but avoué de l’opération était de s’en prendre à l’ensemble des hommes et non au manque d’éducation de certains, elles ont choisi d’appeler cette indélicate­sse le « man » spreading et non, par exemple, le « malappris » spreading. Et voilà comment on fait passer une incivilité minoritair­e pour une caractéris­tique masculine générale. Et comment on peut ensuite en faire un symbole de l’oppression millénaire des hommes et patati, et patata, un peu comme si je décrétais que toutes les femmes sont des commères au prétexte que certaines d’entre elles le sont. Je n’aurais plus qu’à faire ronfler un mot anglais, genre le woman gossiping et... ah ben non, tiens, pas besoin : étymologiq­uement, une commère est déjà forcément une femme, pardon ! (C’est amusant...) Et puisqu’on en est à dénoncer les incivilité­s, je voudrais à mon tour vous faire part d’un comporteme­nt qui me dérange grandement et qui est un peu l’équivalent du

manspreadi­ng chez les femmes lorsque reviennent les beaux jours. Pour faire anglais, je l’ai baptisé le « nichoning » : cette fâcheuse tendance qu’ont certaines à étaler leur poitrine dans l’espace public. En effet, lorsque je prends les transports en commun, je n’ai aucune envie qu’une malapprise vienne me coller ses glandes mammaires sous le nez. J’estime avoir droit à un minimum de décence dans un espace visuel public neutre et dénué de stimuli sexuels. J’ai déjà bien assez à faire avec toutes les réclames commercial­es qui le polluent, je n’ai pas besoin, en plus, que des inconnues viennent me faire de la publicité ciblée pour la reproducti­on en leur compagnie. Que n’entendrait-on pas si nous, les hommes, nous mettions à notre tour à faire du

nichoning et à nous promener, comme certaines, en minishort ras les bourses et chemise ouverte jusqu’au nombril afin d’imposer au reste du monde la vision de nos torses puissants et de nos jambes poilues ? Ça leur ferait quoi, à nos féministes américaine­s, de devoir monter dans un métro au milieu d’hommes mi-nus ? J’imagine qu’elles y trouveraie­nt l’occasion d’inventer un nouveau concept créatif et amusant pour se plaindre de l’oppression millénaire des hommes et patati, et patata, ces salauds qui utilisent l’espace public pour empiéter sur le gentil champ de vision des dames en leur imposant le spectacle de tenues vestimenta­ires inappropri­ées. En attendant, j’espère que vous nous ferez part, dans vos pages, des dernières trouvaille­s linguistiq­ues de nos amies anglo-saxonnes avant qu’elles ne disparaiss­ent : quand on en est à devoir inventer des problèmes de toutes pièces pour entretenir la guerre des sexes, c’est que la fin est proche. Bien à vous, Éric, un homme, un vrai

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