Angela Merkel se passe des femmes
Le 24 septembre, les élections fédérales en Allemagne reconduiront, ou pas, Angela Merkel à la tête du pays. Vu de France, la chancelière est souvent perçue comme la boussole géopolitique de l’Europe. Elle ouvre, au sud, ses frontières aux réfugiés ; tient tête, à l’est, à Poutine ; calme, à l’ouest, les gesticulations de Trump. Bref, elle indique le nord. Mais quid de sa politique en ce qui concerne les droits des femmes à l’issue de son troisième mandat ? Un bilan mitigé. On peut mettre à son crédit l’extension, en 2016, de la définition légale du viol, suite à l’affaire du Nouvel an de Cologne, ainsi que la loi qui impose à une centaine de grandes entreprises cotées en Bourse un quota de 30 % de femmes dans leur conseil de surveillance. Mais les progrès s’arrêtent là. Car plus haut dans la hiérarchie des entreprises, c’est le vide sidéral : les femmes ne sont plus que 6,5 % au sein des directoires De maigres avancées, qui laissent un boulevard au challenger d’Angela Merkel, Martin Schultz, leader du SPD. Durant la campagne, le parti socialdémocrate s’est ainsi lancé dans une guerre des chiffres en dégainant le slogan : « Une femme qui travaille à 100 % ne devrait pas gagner 21 % de moins. » Un pourcentage alarmant, immédiatement démenti par la CDU, le parti de la chancelière, qui affirme qu’en tenant compte des temps partiels, du secteur d’activité et du niveau de qualification, l’écart salarial se situerait en réalité autour de 6 %. Quoiqu’en disent les deux candidats, les droits des femmes sont loin d’être leur priorité. Leur place dans le programme de Martin Schultz ne représente qu’un petit 2,8 %. Et dégringole à 0,6 % dans celui d’Angela Merkel. Les femmes : futures grandes perdantes des élections ?
1. Dans les cent six plus grandes entreprises allemandes en 2016, selon l’institut économique DIW.
2. Selon les calculs du Deutscher Frauenrat, lobby allemand regroupant soixante associations féministes, Merkel se prive ainsi d’une manne électorale jeune et engagée.