Chaux vive et vitriol : les bonnes recettes de nos ancêtres
« Dis donc, Maman, depuis quand tu te teins les cheveux ? – À peu près 50 000 ans, ma puce. (Bien avant mon premier cheveu blanc, donc.) »
Moi, mes aïeux, aïeules et les vôtres, nous les êtres humains, nous avons commencé à nous teindre les cheveux quand nous nous sommes organisé·es en société. C’est ce qu’explique l’historienne Virginie Girod : « Pendant la préhistoire, les hommes et les femmes se parent, se maquillent, se colorent les cheveux et la peau avec les mêmes substances qu’ils utilisent pour peindre les grottes. » Du rouge grâce à l’hématite, un minerai broyé, de l’ocre tirée de l’argile, du noir de charbon de bois. A priori une coloration destinée à embellir et pas à cacher ses cheveux blancs (encore que… M. et Mme Cro-Magnon ne nous ont rien confié là-dessus). « La teinture des cheveux blancs est apparue dès que la société patriarcale s’est organisée * et que les femmes ont été soumises au devoir de plaire pour assurer la reproduction, précise Virginie Girod. Cacher les cheveux gris fait alors partie du processus qui commande de rester désirable le plus longtemps possible. » Pourtant, les hommes aussi craignent les marques de l’âge. En Orient, dès 4 000 ans avant l’ère chrétienne, comme les femmes, ils utilisent le henné, mélangé avec du sang de boeuf ou des têtards pilés pour obtenir de belles nuances rouge-orangé. Et pour cacher leurs cheveux blancs, ils s’enduisent le crâne de sang sorti de la corne d’un taureau noir. Cette préparation magique vous communique en plus la force du taureau ! C’est cadeau.
Nos lointains ancêtres sont coquets et, pour nourrir ce péché mignon, ils utilisent des substances immondes, d’accord, mais inoffensives. Hélas, ça va se gâter. Le poète Ovide, vers l’an 15 avant J.-C., note dans le poème À Corine, sur la perte de ses cheveux, que ladite Corine a nettement abusé de la teinture. En effet, on se transmet alors