Causette

J’sais, je suis

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à la bourre. Une petite semaine de retard, quoi... Ça vaaaaaaa. Je te connais, t’as dû pester. Mais, comme toujours, tu vas me pardonner, je le sais. Tu m’aimes malgré mes défauts, non ? Surtout que j’ai mes raisons ! Comme tu sais, ça a tangué sévère sur le bateau Causette. J’ai bien failli couler. Juste là, en plein grand tournant post-Weinstein, pile au moment où, après avoir gueulé des années presque toute seule dans le mégaphone féministe, j’ai vu du monde arriver de partout pour crier aussi, j’ai vu des femmes se lever en masse, de la colère et des larmes, des éclats, des rubans blancs et des hashtags… et moi, j’écopais. À fond de cale avec des dettes, des menaces de liquidatio­n, des insomnies qui m’empêchaien­t de penser, même à toi, lectrice, tellement j’avais peur de ne plus pouvoir te parler. Et puis voilà… tribunal de commerce, rachat, reprise, relance. On s’ébroue à la rédaction. Les envies me reviennent, les idées fourmillen­t, l’appétit est là, le désir de me jeter à nouveau dans cette période de remous, d’inconnu, avec la perspectiv­e enthousias­mante d’un monde nouveau ( j’ai dit nouveau hein, pas parfait !) où les violences faites aux femmes auront de l’écho, où l’histoire ne pourra plus être seulement racontée au masculin. Un monde où les femmes auront enfin leur juste place (oui, bon, je m’enflamme, mais qu’est-ce que c’est bon !). Le bateau de nouveau est à flot, on va pouvoir observer, décrypter, réfléchir et rêver le monde ensemble. Et on commence ce renouveau par explorer le point zéro, justement celui où tout commence, où tout est – peut-être – possible, cette seconde qui fait des machins dans le ventre : le désir de l’autre. La drague, le gringue, la cour, le moment où tu sais pas si tu vas pécho. Toutes des « drague » queens ? Carrément. On en a l’étoffe.

Causette

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