Sauve qui peut
Qui n’en veut de la loi asile et immigration du ministre de l’Intérieur Gérard Collomb ? Personne ! Il s’agit, sans aucun doute, du projet le plus décrié depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron. Le Conseil d’État, juridiction la plus élevée dans l’ordre administratif français, la juge inutile. Des rapporteur·ses de la Cour nationale du droit d’asile, tout comme des agent·es de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), ont fait grève pour faire entendre leur opposition. Une vingtaine de député·es de la majorité préparent une série d’amendements pour limiter la casse lorsque la loi asile et immigration sera présentée en séance, le 16 avril prochain. Et pour les élu·es qui ne souhaiteraient pas se mouiller, la société civile les rattrape par le col. Ainsi, Karin Viard, Marina Foïs, Mathieu Kassovitz et des dizaines d’autres, artistes, journalistes, associations, ont signé dans le quotidien Libération une tribune appelant les parlementaires à s’opposer au projet de loi.
Que contient-il de si problématique ? Il traite les migrant·es comme des repris de justice. Il diminue le temps qu’ils·elles avaient pour faire valoir leurs droits et les prive presque de celui de circuler. Ainsi, si la loi passe, une personne soupçonnée d’être un·e immigré·e en situation irrégulière pourra être placée en garde à vue, euh, non, pardon en « rétention », toute une journée, le temps de vérifier son droit de séjour. En refusant de donner ses empreintes digitales ou de se faire prendre en photo, elle risquera jusqu’à trois ans d’interdiction de territoire. Et si sa demande d’asile, ou de titre de séjour, lui est refusée, elle sera assignée à résidence avec interdiction d’en bouger pendant plusieurs heures par jour, histoire de faciliter son expulsion. Comment donc apprendrat-elle que sa demande est acceptée ou déboutée ? Possiblement par e-mail ou par SMS ! Car, c’est connu, les migrant·es qui arrivent jusqu’en France ont un abonnement Internet « illimité ».
UCourant février,
en plein bras de fer entre les cheminots et le gouvernement, des contrôleur·ses de la SNCF de Bordeaux (Gironde) ont reçu de leur hiérarchie une bien curieuse demande, légèrement nostalgique des années 1940. Dans une note interne, il leur est en effet demandé de pratiquer la délation, « d’aviser » les services de sécurité en cas de présence de migrant·es dans les wagons et sur les quais. La direction a fini par retirer la note, après avoir donné des explications vaseuses, du genre : « On ne savait pas. »
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