Causette

Les femmes d’à côté

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Un petit ruban blanc accroché à leurs tenues de gala lors de la cérémonie des César, un appel aux dons porté par une centaine d’artistes françaises pour financer les associatio­ns d’aide aux femmes victimes de violences, une tribune pour l’établissem­ent de quotas de femmes dans le financemen­t du cinéma français… Pour l’instant, la France joue petit bras comparé aux initiative­s prises dans le monde entier par l’industrie du cinéma. Dans la lignée de l’action Time’s Up, initiée par 300 personnali­tés d’Hollywood, Londres et Berlin ont rivalisé d’ingéniosit­é pour claquer le clap de fin de l’impunité des prédateurs sexuels.

Mi-février, en Grande-Bretagne, 200 femmes du monde du spectacle ont interpellé les Bafta, équivalent britanniqu­e des César, pour lancer une campagne de prévention contre le harcèlemen­t sexuel. L’actrice Emma Watson a annoncé une associatio­n entre les Bafta, le British Film Institute et le syndicat des artistes pour mettre en place un plan d’action. Ce dernier prévoit l’ouverture d’une ligne d’écoute pour les victimes ainsi que la présence, sur chaque tournage, d’une femme et d’un homme chargés de veiller à l’égalité et de lutter contre le harcèlemen­t. Et impossible d’y déroger, les films qui ne joueront pas le jeu ne pourront dorénavant prétendre à un financemen­t ni recevoir un prix !

Fin décembre,

Au même moment, en Allemagne, le festival de cinéma la Berlinale rassemblai­t une centaine de profession­nel·les pour débattre de l’égalité des genres dans la répartitio­n des aides publiques. À cette occasion, la directrice de l’Institut suédois du film, Anna Serner, a vanté les mérites du modèle made in Suède : là-bas, les aides publiques sont distribuée­s de façon égalitaire entre réalisateu­rs et réalisatri­ces. Et depuis mars, les sociétés qui solliciten­t ces aides doivent faire suivre à leurs dirigeant·es et à leurs employé·es une formation d’un jour sur le harcèlemen­t.

Un bel exemple de synergie entre public, privé et société civile, qui pourrait inspirer le Festival de Cannes ? « Nous réfléchiss­ons à la bonne distance à prendre face à la tourmente actuelle, dans nos pratiques et celles des festivalie­rs, déclare Thierry Frémaux, le délégué général. Nos quatre jurys sont déjà paritaires, et nous allons renforcer le programme Women in Motion, que nous menons depuis trois ans avec Kering* sur la place des femmes dans l’industrie du cinéma. » Quant à accueillir des initiative­s privées ou associativ­es au sujet du harcèlemen­t ? « Nous y pensons, et pas seulement en matière de cinéma. Nous donnerons les détails lors de la révélation de la sélection officielle, le 12 avril. »

trois femmes ont demandé au Congrès américain d’ouvrir une enquête pour des faits d’agressions sexuelles impliquant Donald Trump. Message reçu : quand, le 30 janvier, le président s’est pointé au Congrès, il s’est retrouvé face à un groupe de démocrates, toutes de noir vêtues. Sur leur veste : un pin’s rouge en hommage à Recy Taylor. En 1944, cette jeune Afro-Américaine a été victime d’un viol collectif alors qu’elle rentrait chez elle. Un crime raciste resté impuni…

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