Causette

Booba, je te veux

- AURÉLIA BLANC

A priori, tout les oppose. Il est un rappeur à succès, elle est une écrivaine de l’ombre. Il vit à Miami, elle habite Barbès. Il est macho, elle est féministe. « Vous avez la couleur de la victime, j’en ai le sexe », lui assène-t-elle. Et c’est sans doute pour ça que l’écrivaine Marie Debray a décidé d’écrire au « Duc de Boulogne », à travers un livre au titre univoque : Ma chatte. Lettre à Booba (2016) *. Une missive acérée et sensuelle, dans laquelle elle invite le rappeur à enfiler ses gants de boxe : « Sur le ring, je vous veux. » Oui, Marie Debray veut en découdre avec Booba, ses outrances et sa misogynie affichée. Mais, au-delà du combat, c’est un bal poétique qui se joue là. Face à ce « pirate » aux allures de « dieu grec », face à celui qui incarne à ses yeux « le Verbe triomphant », Marie Debray ne cache ni son admiration ni son désir. « Chienne affranchie » devenue « louve blanche », elle a laissé derrière elle les carcans de la respectabi­lité et des bonnes moeurs. « Regardez-moi danser comme une corde libre dans les airs face aux boxeurs. » Booba la trouble, l’attire, et elle le lui fait savoir. Fière amazone, c’est elle qui mène la danse. « Punk, affamée, harnachée aux broderies, des rangers sur mes bas et porte-jarretelle­s, des perles dans les cheveux, des tatouages dans le cou, des rouges sur mes lèvres : c’est moi qui choisis où je dépose des traces sur vos corps d’hommes. » Marie Debray en a conscience : « Tout est fait pour que nous nous méprisions, sans nous connaître, sans même nous rencontrer. » Elle a choisi de proposer une autre aventure à Booba : « Négro et biatch, ensemble ». L’histoire ne dit pas si ce rentrededa­ns littéraire a eu l’effet escompté. * Ma chatte. Lettre à Booba, de Marie Debray. Autoéditio­n (mariedebra­y.net), 132 pages.

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