UN HOMME, UN VRAI
L’été dernier, le département de mathématiques et de sciences informatiques de l’université d’Oxford a allongé le temps d’examen de quinze minutes. La raison en est que les étudiantes seraient « désavantagées par le stress du temps limité » . Depuis, les notes des filles ont progressé et ces départements ont triomphalement annoncé que les examens continueraient d’être plus longs à l’avenir. Quant aux notes des affreux mâles qui finissent leur épreuve avant les autres parce qu’ils sont « avantagés » par le stress, elles n’ont pas bougé. À la suite de quoi, certaines excellentes pédagogues ont révélé une autre terrible injustice de genre en annonçant que, dans la résolution de problèmes, les filles sont moins efficaces que les garçons quand il y a – attention, ça vaut son pesant de testostérone – des étudiants masculins dans la même salle ! Les pauvres chéries seraient donc doublement désavantagées par le temps limité et par la présence d’étudiants. Du coup, le département d’histoire a remplacé un examen en classe par un test à faire tranquillement à la maison pour que les pauvresses puissent avoir des performances plus proches de celles de leurs camarades honteusement favorisés par leur capacité à travailler vite et à se concentrer sur leur copie. Dans le même ordre d’idée, je propose donc que les filles ne subissent plus que des épreuves à faire chez elles tranquilou devant une petite tisane avec leurs copines (pour qu’elles ne soient pas désavantagées par la solitude) et m’en vais écrire de ce pas à l’Éducation nationale afin que toutes celles qui sont honteusement désavantagées par un truc – la nullité ou la paresse, par exemple – bénéficient de privilèges pour rétablir l’équilibre entre les méchants bons et les gentilles mauvaises. Car, si les dames sont « désavantagées » par les difficultés, peut-être est-ce parce que les difficultés sont sexistes et qu’il faut les supprimer ? Quelques universitaires anglais – vraisemblablement de vieux affidés du patriarcat – ont critiqué la mesure, arguant qu’elle « risquait de donner l’impression que les femmes étaient trop fragiles pour gérer le stress d’un examen en salle ». Je n’ose vous dire à quel point cette remarque so british m’a ravi, tant par son euphémique formulation que par son solide bon sens. Mais peu importe, soyons féministes jusqu’au bout et supprimons aussi carrément de l’éducation les mots « subir » ou « épreuve », tant qu’on y est. On n’aura qu’à les remplacer par « câliner » et par « bain moussant », ce sera plus… équilibré ?
Bien à vous, Éric, un homme, un vrai