Paris, Ville Lumière hypnotique
« L’affichage numérique fera partie du futur, d’une façon ou d’une autre. » Voilà l’argument implacable de l’adjoint à l’urbanisme de la Mairie de Paris, Jean-Louis Missika, pour imposer des panneaux numériques JCDecaux dans les rues et ainsi permettre la diffusion de vidéos publicitaires. Face aux inquiétudes, notamment celles de l’association Résistance à l’agression publicitaire (RAP), qui dénonce des réclames toujours plus invasives, l’adjoint insiste : « L’enjeu est de réglementer en faisant en sorte que [cette technologie] soit respectueuse de l’environnement, du paysage, et de permettre d’avoir une ville apaisée. » Des arguments de sophistes, qui masquent un coût environnemental impressionnant. « Jusqu’à treize fois plus d’électricité consommée par un panneau numérique que par un panneau classique [appelé “sucette” dans le jargon, ndlr] », estime RAP. « Pas possible de comparer » avec les installations actuelles, rétorque Jean-Louis Missika. « Les affiches doivent être posées régulièrement à l'aide de véhicules, alors que les écrans pourront être renouvelés à distance », argue-t-il.
Pas très probant pour les Parisien·nes. Obligée, selon le Code de l’environnement, de lancer une concertation publique pour autoriser l’implantation de ces objets du turfu, la Mairie passe un sale quart d’heure sur la page Internet où l’on peut donner son avis : nuisance pour « la qualité de vie, le climat social, le bien-être citoyen » ; « un gâchis terrible et une agression permanente » ; « très dérangeant » ; « saturation » … Plus de 500 personnes ont, à ce jour, envoyé paître le projet.
Chantre d’une ville plus écolo, la municipalité semble gênée aux entournures. À l’heure où nous écrivons ces lignes, la concertation publique n’est pas indiquée sur la page principale de Paris.fr et, contrairement au tapage fait lors des sollicitations des citoyen·nes sur le budget participatif, la Mairie n’étale cette affaire ni sur ses réseaux sociaux ni sur… ses sucettes. Un comble pour ces communicants chevronnés !