La France complice des Saoudiens au Yémen ?
En visite officielle à Paris du 8 au 10 avril, Mohammed Ben Salman n’a pas signé de contrats d’armement avec la France, qui ne lui a pas remis de Légion d’honneur. Au contraire, Emmanuel Macron et le prince héritier d’Arabie saoudite ont annoncé une « conférence humanitaire commune sur le Yémen », qui doit se tenir à Paris avant l’été. Une manière de signifier aux ONG qui dénoncent les agissements de l’Arabie saoudite dans la guerre au Yémen (lire ci-contre) qu’elles ont été entendues. Mais commençons par balayer devant notre porte : la France n’auraitelle pas, à sa façon, une part de responsabilité dans ces dizaines de milliers de morts yéménites ? Le 6 avril, le député LREM de Haute-Garonne Sébastien Nadot et une trentaine d’autres parlementaires de la majorité ont demandé la création d’une commission d’enquête parlementaire afin de déterminer si les armes vendues à l’Arabie saoudite par la France lors des précédents quinquennats ne sont pas celles qui tuent aujourd’hui au Yémen. La commission des affaires étrangères de l’Assemblée devrait décider mi-mai s’il y a lieu ou non d’ouvrir une enquête. La question est d’importance : si des armes françaises sont effectivement utilisées pour bombarder des civils, la France se retrouverait en porte à faux avec les traités internationaux sur le commerce des armes, qu’elle a pourtant ratifiés.