Deux lois pour un pays
Le Royaume-Uni autorise l’IVG depuis 1967. Malgré des limites, le texte était considéré comme progressiste. Avant la loi Veil, en 1975, plus de 30 000 Françaises traversaient chaque année la Manche pour pouvoir avorter en Angleterre. L’ Irlande du Nord est restée au bord du chemin. « Pour son gouvernement de l’époque, le sujet n’était pas à l’agenda », explique Fiona Bloomer, chercheuse à l’Ulster University. Le Royaume-Uni refuse de s’en mêler au motif que santé et justice relèvent de l’assemblée locale depuis les accords de paix de 1998. Or, à Belfast, le puissant Parti unioniste démocrate (DUP), fondé par un pasteur fondamentaliste, s’oppose à tout changement. Londres pourrait toutefois reprendre la main s’il considère que l’interdiction porte atteinte aux droits humains. C’est ce qu’a jugé la Convention des Nations unies sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (Cedaw) en février. À la fin des années 2000, des député·es travaillistes à la Chambre des communes ont tenté d’élargir la loi de 1967, mais ont subi des pressions pour y renoncer. « L’une des hypothèses est que le Premier ministre, Gordon Brown, avait besoin du DUP pour faire passer sa loi antiterroriste », relève Fiona Bloomer. Ou comment les droits des femmes font les frais des micmacs politiques.