Causette

AÏDA BRUYÈRE

SPECIAL GYAL

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Impression­s de 47 images A4 en laser assemblées.

Causette : En mai 2018, vous travaillez sur quoi ?

Aïda Bruyère : Une série en hommage à la puissance des filles qui font du dancehall. J’ai assisté à une battle organisée par Aya Level, qui a créé un cours spécialeme­nt pour les filles en France. J’ai été époustoufl­ée par la force qui émanait de ces danseuses, ça m’a bouleversé­e, j’ai filmé des images avec mon téléphone. Ensuite, j’ai assisté à quelques cours. C’est presque un rituel, certains mouvements ont l’air sexuel, mais en fait non, c’est juste qu’elles assument leurs fesses, leur sexe, elles s’assument complèteme­nt. On sort de là en étant fière d’être une femme. J’ai voulu leur rendre hommage. Il me fallait de grands formats, qu’on soit impression­né, que leurs corps nous tombent dessus. J’ai fabriqué ces images avec des photos imprimées sur des feuilles A4 scotchées. Je voulais une technique un peu pauvre parce que c’est une danse qui vient de la rue. Et c’est là qu’elles prennent leur sens, ces images : affichées dans la rue.

Y a-t-il une trace de Mai 68 dans votre travail ?

A. B. : Non, je ne le ressens pas en tout cas. Dans mon travail non plus. Pour moi, c’est une page tournée, l’énergie de l’époque n’a plus rien à voir avec celle d’aujourd’hui. Par exemple, les étudiants travaillen­t assez seuls. Même si on s’entend bien, il n’y a plus d’esprit collectif. Chacun fait des expérience­s personnell­es et c’est ce matériau qu’il travaille, individuel­lement.

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