Causette

On l’a eue, notre révolution !

- Causette

Sous les pavés, #MeToo. Il est interdit d’interdire ? Ouais, sauf Harvey Weinstein, les frotteurs du métro, les harceleurs de tout poil et autres sexistes patentés. C’est fini ce temps-là. Y a un avant et un après. Le gros pavé dans le patriarcat. Plouf. Cinquante ans après Mai 68, une nouvelle révolte a eu lieu. Aussi rapide, aussi brutale. Cette fois, peut-être, irréversib­le. Et cette bataille, pour le coup, c’est la nôtre. Pas peu fières, dis donc. Tu te rends compte le chemin parcouru ? Ouais, parce qu’il faut pas se leurrer, Mai 68, c’était super, mais les gonzesses, fallait pas trop qu’elles l’ouvrent quand même. Fais les pancartes et tais-toi. Dany le rouge va parler à ta place, tu verras, ce sera mieux. Pour ce qui est de hurler dans le mégaphone, tu pouvais toujours te brosser. Reste donc en queue de cortège. Tiens, toi qu’es soigneuse, t’auras qu’à porter le sac des cocktails Molotov. D’ailleurs, elles le disent elles-mêmes, nos copines qui en étaient, l’égalité femmes-hommes, c’était pas leur combat. Y avait assez à faire avec les bourgeois et le grand capital. Cinquante ans après, on l’a bien prise, la parole, t’inquiète pas. Libéréeeee­eee, délivréeee­eeee… Ça nous a pris quelques décennies, mais maintenant qu’on a attrapé le crachoir au vol, crois bien qu’on va pas le lâcher de si tôt. Le Scotch collé sur nos lèvres ? Arraché ! Deux en un, ça m’a épilé le duvet et ouvert grand la bouche. En plus, je vais te dire, en ce mois de mai 2018, y a de quoi beugler en foulant l’asphalte. Entre les cheminots, les étudiant·es, les retraité·es et les infirmière­s, la convergenc­e des luttes, je la sens bien. Allez, comme on le chantait à l’époque : « Levons-nous femmes esclaves/Et jouissons sans entraves/Debout, debout, debout ! »

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