Causette

Flicage participat­if

- A. C.

Comment restaurer la confiance des citoyens envers la police ? La ville de Newark (New Jersey, États-Unis) a opté pour une solution radicale, il y a quelques semaines : mettre à dispositio­n de tout un chacun l’accès aux caméras de surveillan­ce qui quadrillen­t les rues de cette banlieue newyorkais­e, lieu de naissance du grand Philip Roth, qui doit s’en retourner dans sa tombe. Il suffit de se connecter au site de la Citizen Virtual Patrol (la « patrouille citoyenne virtuelle ») et de s’enregistre­r, via Facebook ou par mail, pour accéder à la retransmis­sion des soixante-deux caméras accessible­s pour le moment. Concrèteme­nt, cela donne des témoignage­s d’habitants comme celui-ci, rapporté par le New York Times, le 9 juin : « Ma copine m’a appelé et m’a dit qu’elle pouvait voir ce que je tenais dans ma main. L’image était de si bonne qualité qu’elle a pu compter que j’avais 0,75 dollar en monnaie », s’amuse un certain Fernando Demarzino, qui, par chance, ne tient pas plus que ça à conserver un jardin secret vis-à-vis de sa petite amie.

Les auxiliaire­s de police improvisé·es sont invité·es à rapporter tout « comporteme­nt suspect », selon la formule consacrée, à la police officielle de Newark, classée troisième ville américaine pour son taux d’homicides. Un nouveau pacte pour le vivre-ensemble, avec lequel les autorités ont choisi de faire confiance à… la totalité de la population terrestre. Celle-ci pouvant, en effet, détourner l’accès à ces caméras pour un mauvais usage (du type traquer sa femme pour un auteur de violences conjugales ou dénoncer le voisin qu’on déteste espionné en train de rouler son cône). Cette nouvelle émission de téléréalit­é, qui se joue sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, est si prenante que, déjà, des dizaines de Big Brothers et Sisters vigilant·es demandent à ce que la ville rende accessible l’ensemble de son parc de caméras.

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