LA TRAQUE DES #PORCS
Voici une auteure qui a le don de nous scotcher. D’abord parce que, dans un grand écart à faire jaser les flippés du claquage, elle a l’audace de signer, au même moment, un roman noir sur les violences sexistes et un spectacle d’humour sur les règles, Chattologie, interprété cette année par l’humoriste Klaire fait Grr... Mais aussi, et surtout, parce qu’elle vient de confirmer, avec ce troisième polar attendu par ses lecteurs, qu’elle avait l’intention de nous emmener, livre après livre, sur une planète déglinguée qui ressemble presque à la nôtre.
L’histoire se déroule, comme dans le précédent roman, au coeur d’une brigade de flics spécialisée dans les crimes sexuels. L’héroïne récurrente, Alex Dueso, est officier de police, mère célibataire et aussi inattendue et railleuse que son auteure. Diablement préoccupée par son métier, au point de ne pas toujours se maquiller des deux côtés, Alex affronte cette fois des cas inhabituels. Les violeurs, abuseurs, pervers, elle les connaît. Elle peut même dérouler par coeur les statistiques qui les concernent (Louise Mey les recense compulsivement). Oui, mais cette fois, c’est différent. Les agresseurs n’agissent plus seulement dans les rues, les transports, les foyers. Ils forment désormais des « hordes invisibles », lâches et silencieuses qui déversent leurs menaces de viol et de mort sur Internet. Avec un art du dialogue affûté, un génie du sarcasme et une acidité sociale qui la rapprochent de Fred Vargas, Louise Mey referme sa toile sur le lecteur qui, entre effroi et hilarité, découvre une planète d’une sidérante actualité.